La concurrence est rude à haut niveau, et le relais en est le plus bel exemple. L'année dernière, nous avions fini 14ème au Championnat du Monde de Relais en République Tchèque, Capucine, Amélie et moi, au terme d'un parcours assez courant où les places 6 à 10 s'étaient jouées au sprint, vraiment déçues de nos courses, avec le sentiment que nous n'étions pas à notre place...

Cette année, même équipe, même ordre, avec beaucoup d'espoirs, le premier étant de faire mieux que l'année précédente, sur un terrain qui s'annonçait plus technique que l'année précédente, moins courant sur certaines parties, avec sur le papier des équipes très fortes... il allait falloir se battre !

L'aire d'arrivée était la même que celle de la Moyenne Distance, course à laquelle je n'avais pas participé. A peine arrivée sur le site, j'ai essayé de prendre mes marques : l'avantage de partir en dernier relayeur, c'est que l'on a déjà une vision de comment cela va se passer : le sens de course, la prise de carte, les temps de course, le poste spectacle etc... En plus, cette année, les hommes partaient avant nous.

Le relais hommes...

De part le décalage des courses hommes et dames, nous avons donc vécu en direct le drame de ces Championnats du Monde. Alors que certaines s'échauffaient, moi je suivais paisiblement la course de notre équipe française, avec un relais canon de Philippe en 1er relayeur, une suite toute aussi magnifique de François qui avait passé le relais à Thierry.

La suite est déjà connue de presque tous et est nettement moins réjouissante : un groupe de 3 + 1 équipes en tête, des traces GPS qui s'arrêtent sur le grand écran, celle de Anders, le Norvégien, qui part dans la direction opposée à la course pour aller chercher les secours... et un blessé... ni Thierry ni Michal, le Tchèque, mais Martin Johansson, le suédois, qui avait pris une branche dans la cuisse.

Les 3 autres ont eu la meilleure réaction possible, ils se sont arrêtés, pour porter secours à Martin.
Derrière, les équipes poursuivantes n'ont pas vu le drame se produire. Et la course s'est poursuivie comme si de rien n'était, chaque relayeur apprenant la nouvelle en franchissant la ligne d'arrivée.

Le geste a été fort de mettre sur un pied d'égalité sur le podium, les "secouristes" et les équipes ayant franchi la ligne d'arrivée en premier, les médailles à la main. Le seul reget et qu'il y ait eu un classement validé... était-il représentatif des forces en présence ?
Notre sport est un sport de pleine nature, les secouristes sont parfois loin de lieux de drames, et les orienteurs le savent très bien, ils doivent savoir s'arrêter et aider s'il y a un problème. C'est aussi un sport humain où l'on sait qu'un titre de champion du monde ne vaut pas une vie.
Un tel drame n'aurait-il pas valu l'annulation du classement final ? Cela n'aurait pu que valoriser notre sport. La question reste en suspens...

En tous cas, tout le monde a été rassuré de savoir que Martin Johansson va mieux, et n'aura sans doute pas de séquelles, et nous lui souhaitons tous un bon rétablissement !

Revenons maintenant à la course filles...

C'est donc pour nous Capucine qui a pris le départ aux côtés des 24 autres premières relayeuses des équipes nationales engagées.
Le premier relais était le plus court, un moyen pour le traceur de faire en sorte que les écarts ne se creusent pas trop au début et que le suspens reste le plus longtemps possible.

Au terme des 16 postes, c'est Karolina HOJSGAARD pour la Suède qui est arrivée en tête, suivie de très près par un certain nombre d'autres nations.
Capucine est revenue en 13ème position, à 4'30 de la tête, dans un petit groupe avec d'autres équipes dans les mêmes temps, c'était pas mal !

Le deuxième relais était un peu plus long, et Amélie fait une très belle course et revient en 9ème position !

Mon parcours était encore un tout petit peu plus long... cela allait être dur de faire mieux que revenir 9, nous ne l'avions jamais fait, et surtout de ne pas se laisser rattraper.
Je suis partie à un bon rythme, mais avec pas mal d'imprécisions au début qui m'ont fait perdre du temps, et une belle faute au milieu sur le poste 130... qu'est-ce qui ressemble plus à un coude de chemin avec un fossé qu'un coude de chemin avec un petit chemin un peu encaissé ?... un moment d'égarement... j'ai cru que j'avais décalé... 1'30 de perdues...

Là, j'ai eu un peu le moral dans les chaussettes, je ne savais pas à combien les filles étaient devant et derrière, et je n'avais vu personne....
J'arrive au poste spectacle, j'ai l'impression que ce n'était pas si mal que ça, mais j'ai du mal à lire la fin du parcours : tout se croise, la fin du balisage n'est pas évidente à visualiser sur la carte. Je monte tout droit dans la pampa, je tombe sur une caméra (??), je vais vers mon chemin et mon poste. Je croise la Lettone... qui avait pas mal d'avance, mais finalement je n'étais pas très loin, et je ne vois pas la Lithuanienne partie devant. Je crois la voir derrière : plus de faute maintenant !
Finalement, je rattrappe la lettone, mais je perds un peu de temps dans les branches, et finalement elle termine quelques mètres devant moi.

Au passage de la ligne d'arrivée, j'apprends qu'on est 8 : joli relais ! Et notre meilleur relais de Championnat du Monde ! Et surtout, le meilleur relais chez les filles françaises de tous les temps !

Félicitations à toutes les deux, Capucine, Amélie... cette année, on a réussi à faire un relais homogène, et ça a payé !

Au final, le podium fille n'a pas du tout été ce qu'on aurait pu imaginer après le deuxième relais :
1 : Norvège
2 : Suède
3 : Finlande

Les résultats sur le site du WOC online

Et ma carte avec mon tracé ci-dessous.