Ukraine : Le spectre de Guernica

Marioupol, ville martyre


Les tanks russes sont stoppés, mais les bombes pleuvent

Nous entrons dans la quatrième semaine de guerre. L'offensive terrestre russe est à peu près enrayée par l'admirable résistance des Ukrainiens. Les grandes villes ne sont pas tombées.

De ce fait les Russes misent sur la stratégie barbare qui leur a réussi en Syrie. Disposant de la maîtrise de l'espace aérien, ils ne tenteront de prendre les grandes villes assiégées qu'après les avoir détruites.

Après avoir massacré la population et les défenseurs des villes à l'aide de bombes et de missiles, alors seulement ils enverront tanks et troupes au sol finir le sinistre travail.
 

L'erreur tragique de Barack Obama

Dans une situation comparable, Barack Obama a dit « No, we can’t ». Et scellé le destin tragique de la Syrie.

En 2013, après avoir déclaré que l'usage d'armes chimiques constituait une ligne rouge à ne pas franchir pour les forces de Bachar El Assad et les bombardiers russes, il a renoncé à établir une interdiction de survol des villes assiégées que réclamaient les défenseurs d'Alep pour mettre fin aux bombardements massifs et l'usage de chlore contre la population civile.

Décision prise au dernier moment, alors que François Hollande s'apprêtait à envoyer les Rafale appuyer l'American Air Force dans l'installation d'une « No Fly » Zone.

La Syrie a servi de répétition générale à l'invasion de l'Ukraine.

Ne répétons pas l'erreur du président américain : l'Otan doit changer de stratégie.
 
REUTERS / Le Théâtre de Marioupol touché par un bombardement russe, le 16 mars 2022. 800 personnes y avaient trouvé refuge

Ecoutons le président Zelensky !

Il ne suffit plus de dire que le bombardement massif de civils est un crime de guerre, il faut l’empêcher. L’anéantissement du théatre de Mariopol, où des centaines de civils avaient cru trouver refuge, le bombardement d’une maternité, doit marquer un tournant dans la stratégie de l’OTAN.

Au plus tôt, les forces aériennes de l'OTAN doivent instaurer une zone d'exclusion aérienne au dessus des grandes villes et défendre l'espace aérien de l'Ukraine. C'est le dernier espoir pour cette nation martyrisée.

Un tournant majeur, dangereux mais indispensable

Tout le monde a conscience de l'énorme risque que fait courir l'affrontement direct entre l'aviation russe et les forces aériennes de l'OTAN : l'escalade vers un conflit nucléaire.

J'admire la stratégie très intelligemment menée par les Etats-Unis et l'Europe depuis le début du conflit. Les Etats-Unis ont su désamorcer les provocations russes en rendant publics leurs renseignements militaires en temps réel.

L'Europe a pris soin de garder ouverts des canaux de communication directes avec le dictateur.

Ensemble, les Etats-Unis et l'Europe ont mis au point des ripostes économiques graduées, mais coordonnées et dévastatrices, et des livraisons massives d'armes. A quasi égalité dans un budget de plus de 2 millions de dollars.

Quand à l'OTAN, elle a respecté scrupuleusement les règles constitutives d'une organisation exclusivement défensive en s'interdisant toute action militaire directe hors des limites géographiques de l'organisation... pour éviter l'escalade. Elle a assuré l'énorme logistique des livraisons d'armes et de matériel, formé les combattants, fourni des renseignements...

Est-ce suffisant aujourd'hui ?
 

Le spectre de Guernica

Je suis hanté par le spectre de Guernica.

La République espagnole attaquée par les franquistes, l'engagement des bombardiers nazis, la France de Léon Blum se contentant d'un soutien sans intervention.

Bien peu ont sauvé l'honneur, par peur de la guerre. Ils ont eu la guerre et le déshonneur.
Que pouvons nous faire aujourd'hui ?

Manifester chaque jour notre soutien au peuple ukrainien et poser publiquement la question de l'intervention militaire de la France.

Je ne suis pas sûr d'avoir raison... Et vous, qu'en pensez-vous ?
Jeudi 17 Mars 2022
Franck Martin

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