Sur le marché de Louviers, la marmite aux potins mijote toujours (2)


Franck Martin


Heurs et malheurs de la troisième voie...

Samedi matin, le marché de Louviers était particulièrement achalandé. Y flottaient, comme des âmes en peine, les suppliants d'une UMP en dérive : ils attendent leur salut de Sainte Anne, devant laquelle, cette semaine, ils se sont pieusement agenouillés pour la supplier de leur porter secours. La nef UMP fait eau de toute part depuis le retrait forcé d'Olivier Aubert, le seul à détenir un vrai capital de popularité.

Anne Terlez... Je tiens la dame en grande estime et reste convaincu qu'elle pourrait faire du bon travail au service des Lovériens. Mais je parie qu'elle annoncera bientôt qu'elle choisit de siéger dans l'opposition, stérilisant ses indéniables qualités, gaspillant son talent pour six années de plus.

C'est dommage, pour Louviers, pour elle, pour ses amis. Mais je n'ai jamais surestimé son poids électoral, ni été réduit à mendier son alliance, car mon équipe actuelle n'a besoin de personne pour s'assurer une majorité.  Si je lui ai tendu la main, ce n'est pas pour grappiller quelques voix de plus, mais parce que j'ai pensé qu'elle pouvait, dans notre majorité, apporter sa pierre pour construire l'avenir de Louviers. Elle choisit une autre voie, c'est son droit. Mais c'est une voie de garage.

Nombreux ont été, à Louviers, les candidats qui voulaient tracer une "troisième voie" et ont disparu après un échec cuisant. Fera-t-elle mieux que 4%, son score aux législatives sous les couleurs du Modem  ? Franchement, je le lui souhaite, mais la loi électorale est cruelle : elle ne passera jamais la barre du second tour. Sauf à marchander le soir du premier vote, contre tous ses principes moraux, avec les sarkozystes.

Autre voie de garage politique : passer sous les fourches caudines de l'UMP avant le premier tour. Là, ce serait carrément pathétique. 
En tous cas, elle s'éteindra, étouffée, baîllonnée, ensevelie comme toute voix libre et autonome dans le grand machin fillo-sarkozyste. Encore une histoire d'oiseau qui se veut libre... et finit dans les griffes du chat ? Réponse dans 8 jours... on en reparlera lors du prochain marché.

Pas de stand pour le Front national

Elle n'a pas fini de bouillir, la marmite aux potins !
On repérait dans les allées de la place de la Halle quelques blancs-becs du Front national, cherchant noise après «l'affaire» de la Saint Michel. Traditionnellement, durant la foire de Louviers, associations, syndicats, partis politiques républicains tiennent un stand dans la rue Mendès France. Pour la première fois, parce que nous sommes en période électorale, le Front National a demandé d'ouvrir un stand. J'ai refusé.

Pourquoi ? Pour assurer la sécurité du public. Lors de la campagne présidentielle, à Andé, la réunion organisée par le Front national a donné lieu à des bagarres, alors même que le lieu de la réunion était une propriété privée. Imagine-t-on de telles violences en pleine rue, dans la foule de la Saint-Michel ? Imagine-t-on manifestants et contre-manifestants cohabiter courtoisement en échangeant gentiments tracts, marshmallows et salamalecs, sans jouer la revanche des horions d'Andé ?

Bien entendu, je savais qu'en assurant ainsi la tranquillité publique, je serais accusé par l'extrême droite de diaboliser le Front national, par l'extrême gauche de le victimiser...
Cela n'a pas manqué. Peu me chaut. J'ai fait mon métier de maire, un point c'est tout.

Le Front national ? C'est l'anti-France !

Il ne faut pas diaboliser, ni victimiser le Front national, il faut le mépriser.

Le Front National est un champignon vénéneux poussant sur le terreau d'une certaine France, moisie, ringarde, pétant de trouille. Une certaine France ? Non, l'anti-France. Celle qui ne peut arriver au pouvoir que derrière les tanks allemands.

Celle des émigrés de Coblentz, fuyant la France de Valmy parce que la Révolution française vient d'inventer la Nation : ni droit divin, ni droit du sol, ni droit du sang, mais bras ouverts au sein du peuple français, donnant droit à tous ceux qui ont volonté de vivre ensemble, sur le même sol.

C'est notre fierté nationale que d'avoir donné valeur universelle à cette définition de la Nation comme volonté de vivre ensemble. Tout à l'opposé de la "préférence nationale", slogan des anti-France. La vraie France, c'est celle de Valmy, pas celle de Coblentz, celle de la Résistance, pas celle de Pétain. L'anti-France, c'est le Front national. Les héritiers du général de Gaulle devraient s'en souvenir.


Il est de bon ton de vouloir ménager, comprendre, excuser les électeurs du Front National, en faisant la différence entre les méchants dirigeants et le menu fretin des électeurs qui seraient trompés par Le Pen, et ne sauraient pas ce qu'ils font.

Je ne mange pas de ce pain. Si quelqu'un est assez sot pour croire qu'en chassant les Roms, maltraitant les immigrés, il améliorera son propre sort et celui de Louviers, il faut lui dire franchement : voter Le Pen est aussi bête que méchant. Naguère, toutes les villes qui ont fait l'expérience d'un maire Front national y ont mis fin au bout d'un mandat : l'expérience FN a tourné en catastrophe pour la commune, à Toulon comme à Vitrolles.


En pendant ce temps-là...

Pendant ce temps-là, le génie des carpettes, le roi des courbettes, le serpent à sornettes, l'inénarrable Jean Charles Houel - immense stratège socialiste dont la grande victoire a été de donner à l'UMP un siège de plus au conseil général - se lamente et pleurniche.

Malgré six ans de compromissions indignes, de grenouillages sordides, de flagorneries no-limit, il s'aperçoit enfin que le NPA ne fera pas alliance avec lui pour "tuer Martin", son expression favorite.
Cette semaine, le NPA a annoncé qu'il fera une liste... purement NPA aux municipales. Comme d'hab...

Ben oui, c'est le B-A BA de la lecture du grand livre de la politique. Il faut être aveugle ou politiquement analphabète pour espèrer qu'avec Hollande au pouvoir, les trotskystes feraient alliance avec le PS. Rassurez-vous, cette nouvelle faute de jugement n'empêchera pas M.Houel de donner des leçons de stratégie. A qui veut encore l'entendre, ce qui représente aujourd'hui une espèce en voie d'extinction.



Franck Martin