Sexistes, lâches et méchants : trop, c'est trop !


Franck Martin

Du rire aux larmes, des pitreries aux injures, récit d'une horrible soirée se terminant... au commissariat de police.


Premier round : la soirée avait pourtant bien commencé...

La soirée de lundi avait pourtant bien commencé : par un bel éclat de rire !

Car j'ai découvert, en franchissant les grilles de la mairie, que j'étais attendu.

Attendu par un microscosmique et microscopique comité d'accueil :  une poignée d'agités, toujours les mêmes, brandissait frénétiquement des bouteilles en plastiques vides, en braillant que l'eau est un bien public.

Ce qui est parfaitement exact. A la CASE comme partout en France, l'eau est un bien public, géré par des élus et dont le prix est fixé par le vote d'une assemblée souveraine. Ce fait étant incontestable, il n'y a, selon moi, pas de quoi s'énerver.

Ni même d'exécuter collectivement, ce lundi soir, une bruyante danse de Saint-Guy, vaguement arachnoïde, si tant est que l'on puisse greffer des bouteilles aux membres grêles d'une araignée...

Le ridicule ne tuant pas, cette pantomime burlesque se voulait expression publique d'un groupuscule, l'Association pour l'amélioration de l'environnement (sic ! ) constitué quasi-exclusivement de militants encartés au PS et au NPA.

La fragile feuille de vigne "pseudo-associative" ne masque pas grand chose. Cornaquée par Jean Charles Houel - c'est dire ! - cette association est la probable préfiguration de la liste gauchiste alliant PS et NPA lors des prochaines élections municipales à Louviers. Il leur reste à mobiliser au moins 33 personnes. Ce n'est pas gagné !

Après 15 ans de mandat, je suis un vieux crocodile, pardon, «croqu'Odile» au cuir épais. 

C'est donc mort de rire que j'ai escaladé seul les marches de la mairie, entouré d'une grotesque haie d'honneur, vociférant de bien peu aimables quolibets. J'en ai vu d'autres ! Et si cela les amuse...

Si ce prologue avait suffi à calmer les énergumènes, la sérénité et la dignité de la soirée n'en aurait pas été affectée. 

Mais invoquer la dignité du débat démocratique devant ces gauchistes, même chenus, c'est aussi oiseux, aussi hasardeux que confier à des chiens affamés la gestion d'un magasin de saucisses !

Faire les pitres dans la cour de la mairie, c'est une chose. Perturber le déroulement d'un conseil municipal en est une autre.

Second round : ça ronronne.

Photo Paris Normandie / Sous la houlette du NPA, les militants PS apprennent à faire le pitre

Le rideau se lève, le conseil commence.


Du grand classique, du pur folklore lovérien : déclarations amphigouriques et ampoulées, discours empesés, indignations feintes par l'opposition, qui multiplie outrances et contre-vérités, comptant qu'elles seront reprises telles quelles par la presse...

Jeu de rôles politicien, avec son inévitable théâtralité, mais rien de brutal ni d'anormal. Une joute politique lovérienne classique.

Sur un ton plutôt enjoué - avant le gong final, je me suis bien amusé, c'est vrai - je fais front aux attaques fusant sans relâche des trois oppositions, sans éprouver trop de difficulté pour démontrer l'incohérence de leurs critiques, le peu de crédibilité de leur propos et l'absence navrante de projet pour notre ville.


Si parfois j'éprouve la tentation de lâcher la vie politique, l'idée de laisser notre bonne ville en de pareilles mains me redonne le tonus d'un vainqueur ! 


Et je suis largement secondé par mon équipe, très en verve ce soir-là : Bruno Canivet, imperturbable, connait son dossier sur le bout des doigts, Ghislaine Baudet est aussi virtuose que convaincante et personne n'oubliera avec quelle maestria Véronique Jullien a remis à sa place le sentencieux Philippe Thouément, qui faisait bien pâle figure devant la généreuse indignation de l'élue «verte» !


Troisième round : les lâches se lâchent

Brusquement la tension monte. La CASE, comme chaque année, a transmis un rapport sur la gestion intercommunal de l'eau. Sujet bénin, mais propos enflammés. Comme chaque année depuis des lustres, les mêmes arguments sont échangés. Dialogue de sourds.

Soudain, l'association pou r« l'amélioration de la qualité de vie » perd les pédales et franchit la ligne jaune. La règle d'or du débat démocratique exige le silence du public. Les élus ne peuvent délibérer sous la pression, les menaces, les insultes d'une claque fomentée pour l'occasion.

Pourtant, rouge comme une pivoine,  le chef de troupe, dressé comme un coq sur ses ergots, m'interpelle de la voix et du geste, vociférant d'improbables gracieusetés. Que je n'entend pas. Car je poursuis le débat, avec l'aide de la sonorisation, avec les seuls orateurs légitimes : élus de l'opposition, élus de la majorité.

Regroupés autour du meneur, un petit groupe donne de la voix. Je remarque leur tohu-bohu, leurs gestes, mais la déplorable acoustique de la salle m'empêche d'ouïr le pire.

Une fois la séance levée, j'ai vu venir à moi les victimes de ces outrages, choquées, profondément choquées, ne pouvant ni comprendre ni admettre que le débat politique conduise à une telle violence verbale, aux injures sexistes du plus bas niveau.

Car les lâches se sont lâchés... sur les femmes de ma majorité, proférant à leur encontre des mots épouvantables. Des mots qui constituent un délit et qui ont provoqué le dépôt, au commissariat de police, de trois plaintes, pour commencer.

Et j'essaierai d'apaiser mon équipe en lui rappelant Guizot : "Les insultes n'ont de poids que lorsqu'elles tombent de haut." Lundi soir, ce n'était visiblement pas le cas !


Franck Martin