Revue de presse... N° 1


Franck Martin

En ouvrant La Dépêche vendredi, j'ai eu l'impression d'avoir marché, sans le vouloir, sur la queue d'un chat... qui m'aurait retourné, surexcité, une rafale de coups de griffe.

Alors même que j'étais incapable de trouver un commencement d'explication à donner à tous ceux qui, à la lecture de la presse m'ont demandé : " Mais qu'avez vous fait à La Dépêche pour qu'ils vous traitent ainsi ? "

Je n'en sais rien, parole d'homme !
J'ai le cuir trop épais pour souffrir d'un coup de plume, fut-elle lestée de mauvaise foi. Après 15 ans de vie publique, j'ai résisté à trop d'attaques visant à démolir l'homme public pour en souffrir personnellement.

Mais pour mon entourage, pour les jeunes qui m'entourent sans avoir l'expérience des coups bas, je vais enfreindre une règle de base de la politique.

Désormais, je livrerai dans une Revue de presse, les remarques que m'inspirent certains articles, bons ou mauvais. C'est un risque mortel, politiquement parlant.

Car il y a une règle d'or pour un élu qui souhaite le rester : ne jamais critiquer le travail d'un journaliste, quoiqu'il écrive. Car un journaliste peut toujours faire croire qu'il a raison. Il a le dernier mot. Il a le pouvoir de présenter, d'amalgamer, de découper vos arguments au cas ou - naïvement - vous envoyez un rectificatif. Qui n'est généralement pas publié, pour commencer.

Et si vous osez fâcher un journaliste, vous vous condamnez à endurer, pendant des années parfois, une présentation hostile de vos faits et gestes publics. Cela finit par coûter cher, électoralement parlant. Car la puissance de feu médiatique des grands vaisseaux de la presse locale n'a aucune commune mesure avec le bateau de papier de vos communiqués, voire la frêle barque de ce blog.

Mais au fond, que me chaut ? Seule compte la confiance de mes amis et celle des électeurs. Ceux-là m'ont donné tellement plus que je n'en rêvais en 1995...

C'est donc en toute sérénité que j'ose profiter de l'espace de liberté ouvert par la Toile pour ouvrir une rubrique ou j'aurai l'audace de commenter les commentateurs. En bien comme en mal, en hausse comme en baisse.

En sachant que, dans les prochaines "Dépêche", je vais salement déguster...



Mais il est où, Martin, au mois d'août ?

Pour désagréable qu'il soit, je n'hésite pas à vous montrer l'article ci-dessous.
C'est presqu' un cas d'école, il pourrait figurer dans un manuel d'enseignement du journalisme, au chapitre DESINFORMATION,  ce qu'un journaliste ne doit pas faire.
Lisons cette coupure. On y apprend qu'Alain Le Vern a rendu visite au chantier de la cantine du lycée des Fontenelles, information fort bien traitée en pages intérieures. C'est un fait, incontestable. On peut aussi voir, lorsqu'on connaît son monde, qu'aucun élu n'est présent sur la photo.
Une fois posé le décor, le journaliste y va de son commentaire pour aboutir à une conclusion, écrite d'avance. Conclusion qui est une dénonciation moralisante.
Il s'agit de monter en épingle mon absence, en ce lieu et ce jour-là,  afin d'insinuer que je ne fais pas mon travail. Pire encore :  que je touche, scandaleusement, de l'argent sans faire mon devoir de conseiller régional.
S'agit-il de relancer, une troisième fois et sous un autre angle, une triste polémique d'avant les vacances, même si elle a fait "pschitt" ?
S'attaquer aux élus, par les temps qui court, c'est jouer sur du velours. En toute impunité.

Sauf que l'on cache ainsi aux lecteurs la réponse à une question tout simple : étais-je informé de cette visite de travail ? Ma présence était-elle souhaitée par la Région ?
Car si la réponse est non, cet article n'a pas lieu d'exister. Sauf à faire un montage malveillant.
L'éclairage change du tout au tout si l'on sait la vérité : j'ignorais tout de cette visite de travail, interne à la Région. L'ignorant, je ne pouvais pas y être.
A la lecture de l'article, craignant une erreur de mon propre secrétariat, j'ai fait le travail que le journaliste n'a pas fait : j'ai demandé à la Région si une invitation m'avait été transmise.
Or, le cabinet d'Alain Le Vern m'a confirmé qu'avant la rentrée, le président de la Région avait fait, comme d'habitude, une visite de chantier dans plusieurs lycées. Seul avec ses services.
Les élus n'y étaient pas conviés, ni même prévenus, car la visite n'avait aucun caractère officiel. De surcroît, le représentant de la Région au conseil d'administration du lycée est Marc-Antoine Jamet...
Avant de dénoncer aussi haut mon absence, un journaliste de bonne foi aurait vérifié si elle était justifiée. Si ce professionnel de l'information n'a pas vérifié, ce n'est pas par négligence,  mais pour éviter que la vérité ne contredise son petit montage...

Et voilà comment on vous désinforme...

Et voilà comment on vous (dés)informe...
J'ajoute, moi, que la visite ayant lieu au plein mois d'août, la présence d'élus était fort aléatoire. A moins qu'on nous interdise de prendre le moindre congé ?
Au fait, le journaliste a-t-il vérifié auprès de la mairie si j'étais en vacances au moment de cette visite ? Poser la question, c'est y répondre...

Pourquoi tordre ainsi la réalité ?
Est-ce parce que la presse a besoin pour vivre de scandales bien juteux... quitte à les inventer ? Je laisse à chacun le soin de juger... sur pièce.

Ostréiculteur textuel : une profession interdite ?

Depuis qu'un certain Jean Charles, dans les années cinquante, a lancé les "Perles du facteur", recueil de citations amusantes recueillies dans diverses correspondanses, la mode s'est étendue, hors de l'école, à tous les domaines : perles de l'assurance, perles de la banque, perles de la police... et bien sûr, les perles trouvées dans les copies d'élèves aux examens.
Humour, quand tu nous tiens... Pour distraire les lecteurs de mon blog, j'ai commencé à publier, de temps à autre, des "perles du maire." Qui plaisent beaucoup, à en croire les statistiques de connexion. Et qui n'ont d'autre but que celui de faire sourire.

Sourire ? Humour ? Scrogneugneu ! Le censeur de La Dépêche veille et me met un bonnet d'âne. Motif : je me moquerai des gens qui écrivent à la mairie de Louviers.
D'abord, j'ai cru à une blague, tellement l'argument est peu sérieux. Et puis j'ai compris qu'il ne fallait pas prendre au sérieux l'argument : seulement un prétexte pour me mettre un bonnet d'âne, pour n'importe quel motif, me faire figurer " en baisse ".
Ce qui est sérieux, c'est qu'après ce qui s'est passé à France-Inter cet été, je n'aurais jamais cru que La Dépêche appelle à censurer l'humour dans mon petit journal web.
Et puis, faut-il rappeler que jamais municipalité n'a pris autant au sérieux l'expression des citoyens  sous toutes ses formes. Que nous avons ouvert des forums Internet dans Actu@Louviers, ce journal pour répondre aux internautes. Sans s'en moquer, bien sûr. Que le courrier des lecteurs publié par Allez Louviers ferait pâlir d'envie bien des hebdos... et que vous n'y trouverez nulle trace de moquerie. Nous prenons les gens au sérieux, comme nous prenons l'humour comme un révélateur d'humanité, comme le propre de l'homme.
Alors, le coup du mépris, non merci. Je ne méprise jamais moins puissant que moi. Et je tiens d'un bon auteur qu'en politique, il faut être fort économe de son mépris. Vu le grand nombre de nécessiteux...


Vieux clichés, pseudo-histoire

Rancoeurs, vieilles querelles... Depuis des années, la presse locale ressert le même plat.
Il ne s'agit pas d'informer, mais de faire partager aux lecteurs une émotion négative : condescendance ou mépris envers ces "politiques" qui, sous couvert de défendre l'intérêt général, se livrent à des querelles de chiffonniers, guidés par l'avidité, incapables de contrôler des egos surdimensionnés. Lorsque vous lisez cela, vous vous sentez bien supérieurs à ces hommes de pouvoir.

Ressasser ces clichés dispense d'analyser la réalité. Permet de masquer le fond par la forme.

En l'occurence, de masquer la clé de l'élection cantonale de Louviers Nord. Elue par l'union, Leslie Cléret (PS) sera-t-elle la candidate de la division ? Se comportera-t-elle comme Jean Charles Houel (PS) dans le canton de Louviers-Sud ?
Tout observateur sérieux sait que Houel, candidat socialiste se maintenant au second tour pour faire perdre le siège à un sortant de gauche, a créé une situation quasi-unique en France, où ce genre de triangulaire est ordinairement le fait du Front National contre la droite républicaine.
Outre sa fragilité personnelle, révélée il y a deux ans lorsque, maire d'Incarville, Leslie Cléret a perdu son siège dans une commune réputée de gauche, Leslie Cléret fera face à une droite unie, pour la première fois. D'où la question clé : que fera-t-elle au second tour si un candidat de gauche la devance ? Respect du désistement républicain, ou maintien, comme le prônent les socialistes lovériens, qui persistent à approuver le maintien de Houel en 2008 et refusent de reprendre le dialogue que je leur propose.

En recouvrant cette question d'un voile dédaigneux ( rancoeurs, vieilles querelles sans intérêt ) La Dépêche fait du pseudo-journalisme à l'image de ces pseudo-historiens qui expliquent mille ans d'histoire européenne par les querelles et coucheries des rois et des reines et l'invasion de l'Algérie par un coup d'éventail donné par le bey d'Alger au représentant du roi de France.
Dommage, d'autant que l'article, concis, précis, bien documenté ( sauf sur l'essentiel ! ) montre que le journaliste connait le dessous des cartes. Pourquoi n'en parle-t-il pas ?


Franck Martin