Pôle métropolitain du Havre : la CDCI de l'Eure coince


Franck Martin

Plus connue sous le doux nom de CDCI, la très officielle commission départementale de la coopération intercommunale de l'Eure, réunie sous la présidence du préfet de l'Eure, s'est prononcée à l'unanimité contre le projet d'émergence d'un pôle métropolitain autour de l'estuaire de la Seine.


P'têt ben que oui

A l'unanimité ? Non !

Seul contre tous, j'ai voté oui à l'éclosion d'un projet territorial autour de l'estuaire de la Seine. Lorsque la carte administrative ne coïncide pas avec la dynamique d'un territoire, c'est la carte qu'il faut changer, pas le territoire.

Je ne suis pas Astérix et seul contre tous, je doute d'avoir raison... Peut-être radotais-je...Et pourtant.

L'estuaire de la Seine est bien une réalité géographique, physique, humaine, économique et sociale. Bien évidemment, la ville du Havre en est le pôle. L'estuaire n'a pas de traduction institutionnelle efficace. Lorsque des élus s'associent librement pour définir et promouvoir un projet territorial pour l'estuaire, espace stratégique d'importance nationale, ne faut-il les accompagner et non les flinguer ?

P'têt ben que non

J'ai bien entendu les critiques, souvent pertinentes, portant sur des points importants du projet présenté.

Oui, le projet est très imparfait.
Oui, il ressemble à une peau de léopard, avec beaucoup de zones blanches et de trous noirs.
Oui, la gouvernance envisagée donne un poids prépondérant à la ville du Havre.
Certes, le projet n'a pas été défendu dans le cadre d'une bonne et franche concertation.

Non, il n'est pas juste de taxer l'ensemble de la CDCI d'immobilisme. Je sais ce que la CASE doit au préfet Sorain et au président Destans, innovateurs sincères et sans complexe. Ce fut un dérapage, j'en suis contrit.

Mais, parce que je suis un homme de progrès inguérissable, je reste convaincu qu'un projet imparfait mais perfectible dans le temps vaut mieux que pas de projet du tout. Comme la bicyclette, une fois l'impulsion de départ donnée, un projet intercommunal doit garder son momentum. Si l'élan est brisé, la bicyclette tombe et il se passe vingt ans avant qu'on la relève.

Tuer dans l'oeuf la volonté de créer un outil institutionnel qui reflète tant bien que mal la réalité de l'estuaire de la Seine,  d'étouffer un effort partagé qui tente d'en définir le contour et l'avenir, qui veut mettre au service de ce projet territorial un regroupement de bonnes volontés n'est pas ma tasse de thé...


L'hémiplégie régionale paralyse la Normandie

Au fond, l'émergence d'une métropole à Rouen, d'un pôle métropolitain au Havre fait peur à la Région, aux départements. Parce que la Région est trop petite pour jouer un rôle... régional, parce que les départements défendent le pré carré de leur compétence.

Imaginons une Région normande à cinq départements... Elle n'aurait rien à craindre de l'émergence du seul pôle métropolitain qui serait vraiment pertinent : celui qui unirait Rouen, Caen, Le Havre sur un projet partagé. Une fois de plus, la division normande paralyse la Normandie.


Franck Martin