No Future

Après tout ce n’est qu’un match de foot. Après tout, ce n’est qu’une manif qui a mal tourné. Les violences autour d’un match sont malheureusement monnaie courante et l’on serait tenté de passer l’éponge. Sauf que, pour de nombreuses raisons, les événements sont loin d’être anecdotiques.


Après tout, ce n'est qu'un match de foot... sauf que...

Les incidents autour du Stade de France, sont-ils au premier chef, révélateurs de la faiblesse du dispositif français de maintien de l’ordre. Sans doute cela est il la conséquence directe d’une culture de réponse à l’insurrection, directement issu de la crise des gilets jaunes et de la grande peur de l’administration. Ainsi, la politique de maintien de l’ordre s’est elle appuyé directement sur Gérald Darmanin, héritier de Sarkozy, espérant sans doute que, comme pour son mentor, le portefeuille de ministre de l’intérieur lui permettrait d’aspirer aux plus hautes fonctions.
Il n’empêche, si Sarkozy s’est servi de la fonction, on peut estimer qu’il a été l’un des pires ministres de l’Intérieur que la France ait connu. Soumis aux syndicats de policiers, il a été incapable de donner à l’indispensable mission de maintien de l’ordre public la hauteur et la vision nécessaire dans une France en pleine révolution sociétale. On ne peut pas résoudre les problèmes sociaux, ni les questions maintien de l’ordre à coup de Karcher.

Un travail de fond

La réorganisation des forces de l’ordre nécessite une vraie réflexion et un vrai courage politique. Il faut pour cela avoir la force de répondre à l’ardeur médiatique sous l’influence des syndicats les plus droitiers de la police. Ce travail de fond, qui, au-delà de la question du maintien de l’ordre public dans les manifestations, a été entamé par la construction de la police de proximité, effort ruiné par Nicolas Sarkozy, comme ministre de l’Intérieur, puis comme président de la République. Bien sûr, les coups de menton n’ont jamais réussi à freiner la hausse de la délinquance outre que la politique a montré ses limites en mettant en question le prestige de la France et faisant douter de sa capacité à encadrer de grands événements sportifs. Ce n’est pas la presse politique qui le dit, mais l’Equipe, journal de référence de tous les sportifs de France. 

Une phase politiquement dangereuse

Mais les incidents du Stade de France sont aussi révélateurs de toute la faiblesse de l’édifice macroniste. Nous entrons dans une phase politiquement dangereuse. Macron ne peut pas se représenter. La vie politique entre dans ce temps, où, au sein même des politiques et de l’administration, la question qui se pose n’est pas ce qui se fera ou ne se fera pas, mais bien plutôt qui sera en mesure de le faire.
Ici, les clivages entre gauche et droite vont naturellement réapparaître dans un climat où tout peut arriver. Tout le monde vit sur ce temps, et du fait que le mouvement n’a pas d’avenir, il se voit privé de présent. Ainsi, le Président fait il tout pour que les questions qui fâchent ne se posent qu’après les législatives.
C’est bien sûr une erreur. Ainsi, d’inexistant le gouvernement d’Elisabeth Borne devient-il absent puisqu’il n’y a pas de prises de décisions. Pourtant, chacun le sent, entre la guerre en Ukraine, la crise climatique, la montée de l’inflation, une potentielle crise économique, le manque de projet politique se fait autant attendre que la visite du Président de la République en Ukraine.

Ainsi, en l’absence de perspective, il n’y a plus que les accidents de parcours à être montés en épingle puisque la presse n’a plus que ça à manger et ne peut le replacer dans un cadre politique cohérent.  
 
 

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Jeudi 2 Juin 2022
Olivier Taconet

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