Municipales : lever de rideau... au centre ?


Franck Martin

C'est la surprise de la semaine : de nouveaux acteurs viennent de s'inviter sur la scène politique de Louviers. Passionnée de politique depuis toujours, Madame Terlez, candidate du Modem à l'élection législative de juin dernier, porte sur les fonts une nouvelle association fort civilement baptisée : Union citoyenne de Louviers.
A dire le vrai, la surprise n'est pas totale : le bureau de cette association est composé de Lovériens et de Lovériennes favorablement connus, notamment pour leurs engagements civiques et dont on connait l'intérêt qu'ils portent à la politique locale. Un intérêt qui les pousse à passer rapidement à l'action : les élections municipales sont programmées dans un an et quatre mois...


Actifs et modernes

La communication politique ne se conçoit plus sans Internet. La batterie d'outils mise en place par l'Union citoyenne est complète et bien faite : page Facebook, lettre d'information, etc... Mais l'association ne se contente pas de rapports humains virtuels : on propose de s'inscrire pour des boîtages, on invite à une réunion publique...
Je prends au sérieux l'émergence de cette force nouvelle. Je prends au sérieux l'idée de lancer une association qui se veut citoyenne, en dehors des partis traditionnels et très large dans son recrutement.Cette idée me rappelle des bons souvenirs : elle a mené mon équipe à la victoire en 1995.
Et nul ne peut négliger cette entrée en scène, dynamique et plutôt réussie, de Lovérien(ne)s que j'estime et dont je connais la capacité à agir.

Quelle stratégie ?

Tout cela annonce, bien entendu, un positionnement pour les élections municipales. Malgré la sympathie que l'on peut éprouver pour les personnes, une analyse politique lucide et objective rend incontournable un premier constat :  dans la situation actuelle, à Louviers, une liste autonome ne peut pas prétendre emporter la mairie seule contre tous ! La seule voie possible serait de passer devant l'UMP et le Front National au premier tour, pour imposer sa tête de liste et l'union forcée avec l'UMP au second tour.

Certes, en politique tout est possible lorsqu'on a foi en son destin, mais je crois Madame Terlez suffisamment lucide pour ne pas croire à ce rêve : rien dans la situation politique actuelle ne porte les prémices d'un pareil bouleversement, qui exigerait, pour s'imposer, une crise politique majeure tant à droite qu'à gauche : blocage ou dissolution du conseil municipal et implosion de l'UMP... Les voyants sont plutôt au vert et rien n'indique l'imminence d'une crise telle qu'elle appelle un recours à une force nouvelle, indépendante des acteurs installés, non représentée actuellement au conseil municipal.

En revanche, constituer un nouveau mouvement maintenant permet de construire un rapport de forces favorable pour négocier une fusion de listes entre les deux tours. Une fusion qui incluerait personnalités, idées, éléments de programme émergeant de l'action collective dont le signal de démarrage vient d'être donné publiquement. De toute évidence, c'est l'objectif des têtes pensantes de cette initiative.


Dura lex, sed lex...

Reste la question de fond : l'Union citoyenne devra faire un choix. Soit elle souhaite jouer la carte de l'union négociée avec l'UMP, comme tentera de le faire Jean-Louis Borloo avec son nouveau mouvement politique, l'Union des démocrates et indépendants, UDI

Soit elle souhaite constituer un rassemblement avec notre majorité municipale... C'est la voie qu'a choisie Martine Aubry à Lille : un accord avec le Modem, qui détient des sièges dans la majorité municipale dirigée par le Parti socialiste. Si tel est le cas, je répéterai ce que j'ai dit au PS : je suis ouvert au dialogue et à la construction d'un programme avant l'élection, mais je déteste tous les mariages forcés ainsi que les rabibochages politiciens entre les deux tours.

Dans un premier temps, le temps nécessaire pour devenir une force sur le terrain local, l'Union citoyenne a donc tout intérêt à ne pas lever le voile de l'ambiguïté. Elle mettra probablement à profit l'année prochaine pour tenter de construire une force "citoyenne", avec son programme, ses propres propositions, faire émerger quelques personnalités représentatives.

Dura lex sed lex ! La loi d'airain du scrutin municipal mettra la pression, très vite, sur l'Union citoyenne pour qu'elle clarifie sa position sur l'échiquier politique et annonce la couleur de ses alliances. Qu'on le veuille ou non et même si beaucoup le déplorent, le clivage droite-gauche polarise la vie politique de la 5ème République. C'est tout le drame du centre...


Franck Martin