Maison Rouge : la réunion de quartier tourne à la farce !


Nicolas Cartebois

Dans un quartier qui compte 1800 habitants la réunion de quartier n'a rassemblé qu'une vingtaine d'adultes et autant d'enfants. Pour protéger le maire de toute critique, seule une poignée d'invitations avait été distribuée.
Deux précautions valant mieux qu'une, Hafidah Ouadah s'était chargée de rameuter au téléphone les plus sûrs soutiens de son " réseau ".
Car avec le maire actuel, le dialogue et la concertation sont ouverts... à ses amis, triés sur le volet. Au nombre d'une vingtaine à Maison Rouge. Et pour éviter que les habitants parlent au maire de ce que bon leur semble, la mairie impose désormais un ordre du jour fixant les objectifs : on allait parler de l'implantation des jeux pour les enfants du quartier.

Heureusement, le filtre n'a pas totalement fonctionné... Des habitants ayant participé aux "ateliers urbains" qui ont proposé une centaine de projets pour le quartier, travail citoyen mis à la poubelle par l'équipe Priollaud, ont eu vent de la réunion...


Un vrai fiasco

Soucieux de compenser un manque d'envergure et de charisme de plus en plus évident, le nouveau maire ouvre la réunion de quartier par une déclaration tonitruante, qui se veut solennelle. 

A l'imitation du serment des pères fondateurs de la République, réunis en 1789 dans la salle du Jeu de Paume, le maire trompette, sans craindre le ridicule : " Nous ne sortirons pas de cette salle sans avoir choisi, ensemble, les jeux pour les enfants et les emplacements où ils seront installés ! "

Force est de constater qu'une heure et demie plus tard, la réunion se disloque sans qu'aucune décision ne soit prise, aucun choix ne soit fait. Caricaturant la vraie démocratie participative, la réunion a tourné au fiasco. Pourquoi ?

Incompétence et impréparation

Après la grandiloquente ouverture du maire, quelques propositions émanent de l'assistance. Des mères de famille veulent que les jeux soient implantés sous leur fenêtre, au plus près, pour pouvoir surveiller les enfants sans les accompagner. Le maire opine du bonnet, ravi de voir la réunion prendre bonne tournure...

Il ne faut pas attendre longtemps pour qu'une habitante du quartier ramène tout le monde sur terre : " Toutes ces propositions sont impossibles à réaliser. Eure Habitat et Secomile sont propriétaires des terrains .Pour la tranquillité de tous, ils profitent de la rénovation du quartier pour mettre en place la résidentialisation. Il est hors de question pour eux d'implanter des jeux sur leur propriété, à proximité des façades d'immeubles".

Le maire regarde ses chaussures... il ne sait quoi répondre. De toute évidence, il n'a pas ouvert le dossier, pas préparé la réunion et il ignore où se trouve les terrains dont la Ville est propriétaire. Pathétique.
Silence ! Le maire prépare sa réunion de quartier !

Confusion : la tête ne sait pas ce que font ses petites mains...

La réunion tourne à la confusion. On tend une perche au maire : les jeunes souhaitent jouer au football, or ils ne trouvent que des panneaux de basket sur le mini-stade du quartier. Ravi de cette diversion, Don Quichotte-Priollaud monte en selle et charge : " Nous sommes là pour trouver une solution ! Il faut ajouter des buts de foot sur le terrain de basket ! Vous pouvez compter sur nous ! "

Patatras... Fort gêné, un fonctionnaire lui signale que ce serait inutile, puisque les travaux d'installation d'un terrain pour le football ont déjà commencé, selon les plans établis bien avant son arrivée...

Faut-il en rire ou en pleurer ? Don Quichotte a chargé.. un moulin à vent, faisant éclater au grand jour l'incompétence de Priollaud, visant à côté de la plaque. Voilà une maire organise une réunion dans un quartier sans même savoir ce que ses services y aménage... Consternant. Plus que d'impréparation, c'est bien d'incompétence dont il a fait preuve.

... et paranoia.

Comment aménager Maison Rouge sans associer Eure-Habitat et la Secomile ?
La démocratie participative est basée sur la confiance et le partenariat. François-Xavier Priollaud, angoissé par un rôle auquel il ne s'était pas préparé, ne fait confiance à personne. Pas même aux services municipaux, soupçonnés d'être "martinistes" alors qu'ils ne sont que loyaux et dévoués au maire en place.

Sous la précédente municipalité, non seulement l'invitation aurait été distribuée à TOUS LES HABITANTS, c'est la moindre des choses, il aurait été inconcevable de préparer une telle réunion sans y associer la CASE, maitre d'ouvrage de la rénovation urbaine, La Fabrik, pour son rôle de gestion urbaine de proximité, chargée de la communication dans le quartier, et, bien entendu, les partenaires incontournables dans la vie du quartier : Eure-Habitat, Secomile. Sans compter, en tant que de besoin, le commissaire de police, le commandant des pompiers, les services de l'Etat...

Un certain Jacky Bidault, alors responsable des sapeurs-pompiers, se souvient fort bien avoir participé à des réunions de quartier postérieures à des problèmes d'incendie...

Dialoguer avec soi-même est plus confortable et rassurant, mais totalement inefficace. C'est la leçon à tirer de cette farce que fut la réunion de quartier de Maison-Rouge.


Nicolas Cartebois