Louviers : nous avons parlé des municipales...

Rencontre avec le PS


Franck Martin

La rencontre a eu lieu... A un an des élections municipales, Christian Renoncourt a accepté de mettre les cartes sur la table. Je l'en remercie. Samedi matin,comme je le souhaitais depuis des années, le dialogue a été enfin renoué entre la municipalité et la dissidence socialiste.

L'échange de vues a été large et courtois. Cela suffira-t-il pour retrouver le rassemblement et l'union que nos électeurs souhaitent unanimement ? Il ne sera pas facile de faire coïncider deux logiques divergentes : celle d'un parti politique qui a choisi d'être dans l'opposition et celle d'une équipe municipale, en charge de la Ville et qui entend bien le rester.


Il peut être sain... de laisser les cadavres dans le placard

Le dialogue ouvert samedi a montré la coexistence de ces deux logiques : logique de projet collectif et logique de parti. Toutes deux sont légitimes. Mais il s'agit de dépasser la coexistence - désormais pacifique ? - de ces deux logiques. Pour aboutir à leur collaboration. Ce n'est pas gagné... mais c'est possible.

Acteur majeur de la scène politique locale, notre député François Loncle souhaite le rassemblement et l'union, il l'a dit publiquement et l'a répété. Aussi, samedi matin, étais-je totalement d'accord avec lui pour écarter de l'ordre du jour toute « autopsie de la rupture ». Pour construire l'avenir, il faut jeter la rancune à la rivière et savoir laisser certains cadavres dans le placard !

Eviter le sujet qui fâche - la dissidence socialiste de 2008 - ne m'a empêché pas de faire un retour sur le passé. Retour indispensable pour réaffirmer le bien fondé de la logique citoyenne et l'efficacité de la stratégie politique qui ont permis, à Louviers, de reprendre le pouvoir à une droite extrême, que l'on disait imbattable jusqu'en 1995. Imbattable, Odile Proust l'était, face à des listes hâtivement bricolées par des accords d'appareils politiques.

Les élections municipales : frein ou aiguillon pour l'union ?

En 1995, nous avons fait du neuf. Nous avons construit une équipe en rassemblant des bonnes volontés autour d'un projet municipal, en dehors de toute négociation d'appareils. Ceux qui ont été élus ont été choisis pour leur force de proposition, leur capacité à agir et non en fonction d'un dosage établi par un rapport de forces.

L'échéance électorale de mars 2014 est à fois un frein et un aiguillon.

Un frein car en période électorale, les partis politiques se crispent sur leur singularité, dans une logique identitaire, renforcée à Louviers par une situation d'opposant, où il est plus payant de critiquer l'autre que de proposer.

Un aiguillon car il devient indispensable d'entrer dans une logique de projet collectif : il devient urgent de dire clairement aux électeurs ce que l'on veut faire à Louviers et avec qui...


Pour un maire, la victoire doit durer six ans...

Pour un parti politique, la conquête du pouvoir est plus importante que l'exercice du pouvoir. Le travail du parti est évalué le soir des élections : combien de voix, combien d'élus, combien de postes gagnés ? La réussite d'un parti est indexée sur le nombre de voix, établi tous les six ans. Elle est étalonnée par le recul ou le progrès des autres formations politiques. Ce constat de fait n'est pas un procès. Les partis politiques sont indispensables, ils ont leur logique de fonctionnement. Mais cette logique de conquête ne doit pas prévaloir sur une logique d'exercice du pouvoir

Pour un maire, c'est au lendemain de l'élection que tout commence. Dans l'exercice du pouvoir. Il doit pouvoir compter sur une équipe fiable, responsable, capable d'apporter des idées constructives, de travailler dans une logique de projet et non dans le jeu de rôles du spectacle politique. De porter de bonnes actions, pas seulement de bonnes paroles. De jouer concret, pas seulement un rôle de théâtre...

Or, je suis convaincu qu'à Louviers, comme partout en France, le parti socialiste compte dans ses rangs des femmes et hommes de bonne volonté, de conviction et de talent, capable d'apporter leur créativité, leur imagination, leur réflexion pour construire l'avenir de Louviers.

Les choix sont libres...

Les socialistes sont libres de croire qu'ils ont fait le bon choix en brisant une union sans nuages en 2008. Libres de croire que l'électorat comprendra en 2014, un acte de rupture que bien peu ont compris en 2008. Ils sont libres de croire que leur opposition a été perçue comme crédible et cohérente par les Lovériens. Ils sont libres de croire que leurs six années d'opposition leur ont permis de présenter l'image d'une équipe constructive et fiable, capable de gagner isolée, dans un contexte national qui sera défavorable au PS. Certains d'entre eux sont libres de croire que leurs attaques personnelles m'ont affaibli au point de m'obliger à leur tendre la main pour assurer ma réélection.

Mais moi aussi je suis libre ! Libre de penser que ceux qui veulent répéter le scénario de 2008 vont dans le mur, alors que notre député, François Loncle dont nous avons tous pu mesurer l'influence et l'enracinement, milite aujourd'hui pour l'union et le rassemblement. Les tenants de la rupture seront-ils écoutés au sein du PS ? C'est très possible. Ce serait très dommage.

La porte est ouverte, la main est tendue, un calendrier s'esquisse...

Je crois, comme en 1995, qu'il y a des gens de conviction, de talent et de bonne volonté au parti socialiste. L'engagement au service de valeurs, l'engagement au service des autres, au service de la collectivité passe fréquemment par l'appartenance à un parti politique. Je crois sincèrement que toutes ces bonnes volontés ont une place à construire au sein de la prochaine municipalité, pour agir plutôt que de se morfondre pendant six ans dans une opposition stérile. Une fois élu, il s'agira de travailler, de prendre des responsabilités pour faire vivre ce projet et le réaliser, au quotidien, au service de notre cité.

Une équipe solide se construit dans la durée. Je refuse de la bricoler dans une réunion de crise, entre deux tours d'élection. Concrètement, j'ai proposé aux socialistes et je proposerai à tous ceux qui veulent nous rejoindre, de participer à l'élaboration de notre projet municipal 2014-2020, dans un cadre ouvert. Ce cadre devra se mettre en place avant la rentrée de septembre. La porte est ouverte, la main est tendue. Le PS a déclaré qu'il répondrait dans un mois à ma proposition. Attendons.


Franck Martin