Louviers : la vieille droite est de retour !


Franck Martin

L'histoire locale retiendra le 6 avril 2014 comme la date de la prise de pouvoir à Louviers de la vraie droite, au service des vieilles fortunes de la Ville. Tout indique que cette date marquera aussi la fin d'une belle apogée, la fin des riches heures de notre ville, désormais vouée, pour six ans, au déclin. Le sort en est jeté : avec Priollaud, nous allons assister au glissement vers le fond, le retour au désert des années UMP-Proust.

Pourquoi ?

Parce que ces vainqueurs n'ont pas été élus pour un projet, mais sur un rejet. Les électeurs n'ont pas approuvé un projet municipal de droite, ils ont envoyé un message de déception à l'encontre du président de la République et de méfiance envers la politique en général. Or, la méfiance, la déception, la colère sont un socle extrêmement fragile, bien insuffisant pour bâtir positivement l'avenir d'une ville...

Nombreux sont les débutants qui tentent d'excuser leur absence de proposition sérieuse en essayant de faire croire que la prétendue mauvaise gestion de leur prédécesseur paralyse leur volonté de changement... Ce genre de maladresse n'a qu'un temps et une crédibilité... limitée. Surtout lorsque les chiffres du budget démontrent que les finances sont saines et que rien n'empêche la nouvelle municipalité de poursuivre à loisir la dynamique d'investissement et de création de services de l'équipe sortante.


Aveuglement ou lucidité

La lucidité finira par s'imposer à cette équipe : ils sont, par une faible marge, élus de la déception, de la rancoeur contre le gouvernement Ayrault. Leur élection est le fruit amer de ces « alternances négatives » qui font perdre toutes les élections locales au gouvernement au pouvoir, sous Sarkozy comme sous Hollande.

A l'inverse, en 1995, les Lovériens avaient voté pour notre projet d'avenir, à contre-courant de leur prise de position lors de l'élection présidentielle, quelques semaines auparavant : 18 % des Lovériens avaient voté Le Pen, 18 % Balladur ( qui s'en souvient ? ) et 18% Chirac... Un vote massivement orienté à droite pour une élection nationale qui contrastait avec la confiance accordée, quelques semaines plus tard, au programme d'une municipalité de gauche.

Une impréparation manifeste, un maire sous influence...

La vague bleue qui a déferlé sur la France a massivement porté au pouvoir des opposants à la gauche municipale dont le degré de préparation était fort inégal. A Vernon, à Evreux dans la plupart des villes tombées à droite, l'opposition avait préparé cette élection de longue date. Rien de tel à Louviers. Rapiéçant dans l'urgence des listes disparates, incapables de s'accorder, incapables de proposer un programme cohérent, voire un programme tout court.

L'extrême fragilité d'une coalition hétéroclite, honteuse d'afficher ses couleurs, l'impréparation évidente d'une municipalité qui doit sa victoire à la "divine surprise" d'une vague politique dont l'ampleur a surpris toute la France, enfin l'absence de tout programme commun entre des élus au parcours disparate et dont l'aptitude à exercer des responsabilités de haut niveau reste à démontrer...

A contrario, le premier conseil municipal a bien montré que la nouvelle municipalité n'a pas dépassé le stade primaire de l'esprit revanchard : sur un terrain choisi par l'ex-adjoint responsable de la sécurité et de l'entretien des bâtiments communaux, ils ont tenté maladroitement d'appliquer la vieille recette de "l'héritage". Que Jacky Bidault poursuive son interminable querelle pour justifier ses trahisons, passées et à venir, est logique. Il est plus inquiétant de voir un maire se laisser dicter par un adjoint le choix des armes, de la stratégie et du champ de bataille !

Détruire le système Martin... en commençant par le tarif de la piscine.

Le seul mot d'ordre qui unit cette drôle d'équipe est : détruire le système Martin. Or, le système Martin a sorti Louviers de l'ornière, assuré la stabilité fiscale et offert aux Lovériens de nouveaux services et de nouveaux équipements. Nous ne laisserons pas détruire ces acquis sans nous faire entendre au conseil municipal... N'en déplaise à un maire et à une équipe municipale qui d'un côté prône "le respect de l'opposition", avant de me traiter de "mafieux" (!) et d'essayer de me faire taire en déclarant que " lorsqu'on est battu, on la ferme". Curieuse conception du débat démocratique et du respect de l'opposition !

Nous voterons donc positivement pour le budget qui sera présenté vendredi. Le maire l'admet, les chiffres sont clairs : c'est notre budget, celui que nous avions préparé pour 2014. Ce budget est, bien entendu, en équilibre, il respecte les règles d'or que nous avons appliquées pendant trois mandats : pas d'augmentation du taux des impôts, pas d'augmentation de la dette. Bien entendu, ce budget permet de financer toutes les actions que nous avions mises en place pour 2014, y compris le fameux tarif spécial accordé aux Lovériens pour la piscine.

Nous avons bien compris, lors de ce conseil municipal, que le maire va relever fortement ce tarif. Ce sera un signal, le premier coup de pioche dans la destruction du " système Martin " qui a apporté tant de bienfaits aux Lovériens.

Avec Priollaud, malheur aux pauvres !


Les années Balladur...

Au conseil municipal, le retour de la droite évoque irrésistiblement les années Balladur ! Un homme sous influence...
Pour ceux qui l'ont oublié - il l'a vite été - Edouard Balladur fut un premier ministre... qui n'a pas réussi à entrer dans le costume d'un Président. Remarquablement intelligent, compétent, probablement intègre malgré l'affaire de Karachi, il était trop visiblement au service des grandes fortunes pour prétendre être le Président de tous les Français. Sa courtoisie irréprochable, sa distinction excessive masquaient mal son indécision ( on disait : "Balladur est mou !" ). Modéré, raisonnable, il recherchait  toujours le consensus, la synthèse, un peu comme François Hollande. Mais un leader doit savoir trancher. Ne pas se laisser dépasser, ni par les évènements et surtout par son entourage...

Bon premier ministre, Balladur a été un lamentable candidat à la présidentielle. Son inexpérience du terrain politique l'a vite fait tomber sous la coupe d'un politique dénué de tout scrupule, plus énergique, beaucoup plus retors : un certain Nicolas Sarkozy. La suite l'a démontré : Sarkozy, loin de servir Balladur, ne roulait que pour lui...

Toute comparaison avec la situation du maire de Louviers n'est pas tout à fait absurde, ni fortuite...


Franck Martin