Le vote du désespoir


Franck Martin

Leslie Cléret (PS) 26,37% N. Saclier (FN) 21,83%, Olivier Aubert (UMP) 19,32%, Jacky Bidault (PRG) 15,58%, Alexis Fraisse (EE) 10,05%, Zahir Mechkour (PG) 3,82%, N.Rousselin (NPA) 3,30%.


Situation anormale, résultats anormaux. Dégoût des abstentionnistes, désespoir des égarés du vote extrême, colère contre les soutiens du président et peur du changement à gauche... Tels sont les sentiments qui ont dicté les choix de bien peu d'électeurs.

L'abstention record n'a pas épargné le canton, ôtant toute valeur prédictive à ce scrutin pour les futures échéances, celles où les Français votent encore largement : présidentielles et municipales. Qui peut se glorifier d'un scrutin où pas un seul candidat n'a franchi la barre des 12,5% de votants potentiels ?

Ce matin, seul domine le rejet d'un système politique bloqué, qui n'offre plus aucune place à l'espoir, moteur de l'engagement citoyen.

Le rejet de Sarkozy a tout balayé. A droite, il provoque la déroute de l'UMP, siphonnée par le Front National, dont le score est toujours inversement proportionnel à la participation électorale et ne témoigne en rien d'une adhésion massive à ses thèses haïssables.

A gauche, il se traduit par un vote de résignation, balayant toute considération locale pour dire non à Sarkozy et étayer les sortants, comme on le voit bien à Pont-de-l'Arche et à Louviers. C'est tout le paradoxe de ce vote : refus du changement apporté par la droite, refus du changement possible à gauche.
 
Il est clair que l'heure des hommes de progrès, des propositions innovantes n'avait pas sonné ! Jacky Bidault, dans de telles conditions a fait un remarquable parcours et n'a pas dit son dernier mot.

Une nouvelle fois, le PS gagne les élections locales.  Une nouvelle fois, ce vote est un vote de rejet de la droite, sans adhésion pour la gauche.  25%, c'est le score traditionnel du PS, sans plus. Il ne garantit rien pour l'élection présidentielle à venir.

Une nouvelle fois, il suffisait pourtant de porter l'étiquette PS pour dominer la gauche, les considérations locales et la qualité des candidats passant au second plan.

Bien entendu, nous ferons barrage au Front National. Ce sera bien plus facile pour nous à gauche qu'en 2002, lorsque nous avons voté Chirac. Il est acquis que Leslie Cléret fera son troisième mandat.  Mais je crains que dans le canton, le résultat soit comparable à la période Chirac : des années d'immobilisme à venir. Plus personne ne croit que le PS va «changer la vie.»
 
Qu'offre donc comme perspective de réélire la sortante ? Que rien ne change, alors que tout le monde est mécontent. C'est là le paradoxe du vote d'hier.


Franck Martin