Le réveil des châteaux... contre les locos


Franck Martin

J'avoue avoir été un peu taquin dans mon précédent article sur la, LNPN, Ligne Nouvelle Paris Normandie. Du coup, la châtelaine du Mesnil Journain, Anne-Laure Reveilhac de Maulmont m'envoie une réponse, que je publie volontiers...


L'image de la CASE écornée

Pourquoi ai-je taquiné la sourcilleuse châtelaine ?

Parce l'ensemble de la salle, représentant tous les décideurs et toutes les forces vives de la Normandie ont jugé que l'aggressivité de son intervention était inconvenante. A la sortie de la réunion, plusieurs hauts responsables ont pris la peine de m'aborder pour me faire part de leur surprise.

Je cite, texto, un grand élu régional de droite : « Elle vient de chez toi, celle-là ? Décidement, tu dois gérer de drôles de personnages à la CASE...» J'espère que la vidéo de l'intervention de la châtelaine-avocate sera bientôt publiée sur le site de la Commission du Débat Public, où toutes les informations sont disponibles depuis l'ouverture de la procédure.


Intérêt général contre les NIMBY

Toute action suscite des réactions. Tout projet dérange et tout grand projet crée des inconvénients, voire quelques nuisances. Je trouve donc parfaitement normal et légitime que, dans un débat public ouvert à tous et qui vise à recueillir un maximum d'avis, chacun défende son intérêt personnel et le fasse savoir.

Ce qui fut dérangeant dans l'intervention de la châtelaine, c'est le ton vociférant qu'elle a employé et son incompréhension ( feinte ou réelle ) de la nature de la réunion : ce que l'on comprenait le mieux dans son intervention, c'est qu'elle demandait, je cite, « un sursis à statuer » ! Comme si nous étions à la barre d'un tribunal... Alors que le débat public a pour vocation de recueillir des avis alors qu'aucune décision n'est prise, aucun tracé n'est défini. Que l'on râle avant d'avoir mal, que l'on glapisse préventivement, pourquoi pas ? Mais autant rester poli, non ?

Je l'ai dit, je le répète : il est normal que chacun défende son intérêt personnel, il n'y a rien de honteux à cela. A chaque fois que l'on veut construire une route, un pont, voire une école ou un hôpital, certains riverains se dressent pour dire : "D'accord, mais pas chez moi, construisez chez le voisin." Ce qu'on appelle l'effet Nimby de l'anglais «Not In My Backyard», que l'on peut traduire par « Ne construisez rien devant mon jardin ! » Les plus virulents constituent une association de défense, noircissent des tonnes de papier, envoient des pétitions que les autorités classent dans la poubelle, font pression sur les élus et finissent par encombrer les tribunaux administratifs. C'est du grand classique.

Tout grand projet d'avenir passe par la case des contentieux et il est évident que la châtelaine-avocate finira par y avoir recours. Heureusement, le principe de la loi donne des droits aux riverains, mais finit toujours par faire triompher l'intérêt général, l'intérêt de la nation.

Une chance pour la Normandie

Car ce projet de ligne nouvelle est un projet d'intérêt national, lancé par le chef d'Etat. La ligne nouvelle Paris Normandie s'inscrit dans un vaste projet d'aménagement de l'axe Seine, pour organiser la façade maritime du Grand Paris. La Normandie n'a pas vocation a devenir un désert, parsemé de résidences secondaires et de parcs touristiques.

Tous les responsables normands savent que ce projet est une chance extraordinaire pour la Normandie. Nous souffrons de l'absence de grandes infrastructures de transport et ce projet est le bienvenu. L'unanimité est faite sur le bien fondé du projet, même si l'unanimité n'est pas encore faite sur ses modalités, son tracé, ses gares.

Avocate parisienne, Mme Réveilhac prétend parler en agricultrice et au nom des agriculteurs ! Ce qui a fait sourire ceux qui la connaissent, mais passons. Lundi soir, le président de la Chambre d'agriculture de Normandie s'est dit tout a fait favorable au projet de ligne nouvelle en Normandie. Cherchez l'erreur.

Le point de vue de la Châtelaine

Nonobstant l’absence de logorrhée, à défaut d’avoir pris la parole lors du débat public à CAEN le 30 janvier dernier, vous avez, semble t-il, perdu l’ouïe.
Si vous aviez pris la peine d’écouter les propos que j’ai tenu, sans parti pris ni intention inutilement désobligeante, vous auriez retenu ceci.
1-Les élus, et de surcroit les habitants du Plateau du NEUBOURG, ont été tardivement mis devant le fait accompli par RFF d’un projet de ligne ferroviaire AB incompatible avec les intérêts vitaux du plateau.C’est dans ces conditions que l’association NON A LA LNPN DU PLATEAU DU NEUBOURG a été constituée fin janvier 2012 et présidée par Monsieur Pascal LEMAIRE, Maire de QUATREMARE.
2-Mandatée par ce dernier, j’ai été le porte parole de l’association ce qui a permis comme vous le reconnaissez vous même de réveiller le débat et de faire entendre l’opposition des personnes concernées par ce projet dont je fais également partie en qualité d’agriculteur et non de « châtelaine » !
Une pétition réunissant déjà nombre de signatures d’élus et plusieurs centaines d’opposants à ce projet ont été réunies pour être transmis à RFF et ce n’est pas fini. D’autres manifestations de contestations sont par ailleurs prévues. La désinformation des propos que vous tenez dans votre blog, votre notion de l’intérêt général partisan relève d’une opposition frontale à celui défendu par ceux qui auraient à subir les nuisances de ce projet établi sans concertation.
La contradiction est en soi respectable sauf quand elle utilise l’invective et l’attaque personnelle comme vous le faites pour tenter de discréditer toute opposition à vos thèses. Je vous invite pour l’avenir à respecter un ton plus courtois et approprié à la nature du débat qui intéresse chaque normand sans préjudice des mesures que je serai contrainte de prendre en cas de nouveau dérapage.


Franck Martin