Le choc du futur : Notre Dame en couleurs !


Franck Martin

Depuis la Révolution française, nous voyons nos églises en noir et blanc, ou plutôt en gris. Dans le cadre du programme de sauvegarde en cours de réalisation, nous avons décidé de rendre ses couleurs à Notre Dame. Ce sera un vrai choc culturel...


Un rêve de pierre...

Le plus gros des travaux se termine, Notre Dame est sauvée de l'effondrement qui la menaçait. La structure est consolidée... pour les siècles des siècles. Toiture, charpente et voûtes de la nef sont remises à neuf. Reste à revoir le bas-côté Sud, le choeur et la tour lanterne, la restauration de l'orgue et une foule de travaux secondaires... mais bientôt, les portes de l'église seront bientôt ouvertes au public comme naguère.

Restait à trancher une question : faut-il restaurer la peinture polychromique révélée par le nettoyage de la pierre ?


En noir et blanc ou en couleurs ?

Nous sommes habitués à la grise austérité de la pierre nue dans la plupart des églises de France. Certains l'apprécient pour son caractère sobre et grave. Mais à l'origine, toute église était peinte de couleurs gaies, parfois chatoyantes. Si les églises de France, à la différence des églises d'Europe, sont privées de polychromie, c'est faute d'entretien, tout simplement.
La Révolution française, puis la loi de 1905 ont mis à charge des municipalités, toujours impécunieuses, l'entretien des églises... La disparition des peintures murales est est d'abord un geste d'économie.
On le sait bien à Louviers :  depuis le 19ème siècle, notre équipe municipale est la première à s'intéresser au sort de Notre Dame au point d'y consacrer de lourds budgets et de susciter la création d'une association relayant notre action dans le grand public, en complémentarité avec la Fondation du Patrimoine et la Société d'Etudes Diverses.

Spécialiste de la restauration des peintures murales, monsieur Bartes, du cabinet Ancre a reçu commande d'une étude sur la nef de Notre Dame. Une présentation de cette étude, passionnante, a eu lieu mercredi matin, sur le chantier.Le nettoyage initialement prévu des parements a laissé apparaître des décors qui ont donné une lecture très différente de la vision pressentie de l’intérieur du monument.
Monsieur Bartes a présenté les différentes phases de décoration qui ont marqué cette église. Au vu de l’étude détaillée réalisée, 3 ou 4 « décorations » se sont succédé. La seconde est la plus représentative tant historiquement qu’architecturalement et il est proposé aujourd’hui de la remettre en état, avec le souci de ne pas réaliser une peinture « neuve » mais le plus près possible de l’état naturel. Ces travaux complémentaires ne devraient pas, sous réserve de
la réponse rapide de la DRAC, rallonger la durée initiale du chantier.

Une étude enthousiasmante

L'étude m'a convaincu, notamment sur l'idée que ces peintures murales ne sont pas un simple rajout à l'architecture, mais qu'elles contribuent à lire, à dégager le sens de l'ensemble architectural que constitue Notre Dame de Louviers. Le choc culturel sera réel, mais bientôt, nous verrons Notre Dame en couleurs !

Liens vers : la Société d'Etudes diverses et l'association Clef de voûte

http://sedlouviers.pagesperso-orange.fr/

http://clefdevoute.canalblog.com/


Franck Martin