La démonstration de force de Bernard Cazeneuve


Franck Martin

Dans le prêt-à-penser de la vie politique, la gauche réformiste aurait disparu, après le hold-up de Mélenchon sur le parti socialiste.
Mais alors, qui sont ces 2300 fantômes réunis à Créteil, vibrants d'enthousiasme pour célébrer l'avenir de la social-démocratie ?


Le temps ne fait rien à l'affaire, quand on est con... on est con !

Un samedi de juin,  un flot de plus de deux mille personnes s'est dirigé vers Créteil. Pas si mal pour un courant prétendument inexistant que de réunir autant de militants en dehors de tout contexte électoral mobilisateur.

Sur France Inter, ce lundi matin, même Léa Salamé convenait que c'était bien rare, pour ne pas dire exceptionnel...
Sauf que...

La Convention  serait-elle un congrès de têtes blanches, le dernier sursaut de vieillards chenus vivant sur le souvenir de la gauche au pouvoir ?

Ce cliché malveillant a été très abondamment repris par la presse et matraqué sur les réseaux sociaux par une gauche radicale quelque peu affolée et à court d'argument sérieux.

Disons-le : attaquer la gauche sociale démocrate sur l'âge de ses militants est d'une part, ridicule, d'autre part une fausse querelle.

Ridicule ?

George Brassens a définitivement réglé la question de l'âge dans sa chanson Le Temps ne fait rien à l'affaire ( en vidéo). Jean-Luc Mélenchon, 71 ans, serait-il né après Bernard Cazeneuve, 60 ans ?
Comme l'a fait remarquer Bernard Cazeneuve il serait malséant, lorsqu'on porte l'ambition de rassembler les Français, il serait malséant de se lancer dans des querelles inter-générationnelles sans fondement.

La gauche radicale, au contraire, se nourrit des divisions et prône la guerre de tous contre tous pour alimenter les colères et piper ainsi des voix... qui ne servent à rien.

 

Avec Bernard Cazeneuve, les -jeunes- stars montantes de la nouvelle gauche

La Convention n'est pas une réserve de vieux mâles blancs. A Créteil, Hélène Geoffroy, 53 ans, maire de Vaulx en Velin était à la tribune
Une fausse querelle, car je ne sache pas qu'il faille reprocher son âge à la fougueuse Carole Delga ( présidente de la Région Occitanie et première femme présidente de l'Association des Régions de France )  ni au fringant maire de Rouen Nicolas Mayer-Rossignol, lequel a failli devenir leader du PS en décembre avec le soutien d'Hélène Geoffroy, maire de Vaulx en Velin.

Trois discours adressés samedi, avec l'ardeur de la jeunesse à l'auditoire de La Convention.

A la tribune le jeune maire de Montpellier, dont le plaidoyer pour la culture m'a ému aux larmes et surtout le formidable discours du président du Parti radical de gauche, Guillaume Lacroix,  discours salué par une formidable standing ovation.

Non, La Convention n'est pas un Ephad pour vieux mâles blancs !

Vieux mâle blanc ?
J'en suis un... mais je n'ai pas vu 2300 congénères à mes côtés. Dans une salle bondée, j'ai vu des militantes et des militants enthousiastes et jeunes, pas plus ni moins que dans les autres formations politiques.


Carole Delga, Hélène Geoffroy, Nicolas Mayer-Rossignol, Guillaume Lacroix, Michaël Delafosse  et toute une ribambelle d'élus régionaux sont les stars de la gauche montante, de la gauche sociale démocrate à venir.

Ridicule, cette obsession de l'âge ?

Ne soyons pas naïfs... Il s'agit de décrédibiliser le projet réformiste porté par La Convention en le caricaturant comme passéiste.


La gauche qui gagne, avec un programme progressiste et réaliste

La social-démocratie, serait-elle dépassée ?

Au fil des discours, notamment celui de Bernard Cazeneuve, se dessine un projet d'avenir, dessiné par une gauche de gouvernement, réaliste et crédible.

Un projet qui propose des solutions aux défis nouveaux du 21ème siècle, à commencer par l'indispensable mutation écologique que la gauche veut fonder sur la justice sociale et la redistribution.

Un projet qui vise à réunifier la société autour de valeurs universalistes, en rejetant les dérives communautaristes qui séduisent les esprits radicaux.

L'éducation est également mise en avant, avec une transmission égalitaire des connaissances.

Une politique d'immigration équilibrée et une approche de la sécurité basée sur l'expérience des maires font également partie des réflexions à mener.

 

La Convention : un passé glorieux assumé, un avenir ambitieux à construire

Dans le Palais des Sports de Créteil,  figure le slogan de l'historique club de handball,  «Un passé glorieux, un avenir ambitieux».

La social-démocratie serait-elle plombée par le mauvais souvenir de la fin du quinquennat Hollande ?

Non seulement, l'ancien président figure toujours à la première place dans les sondages comme personnalité préférée de la gauche, mais il a été accueilli par un tonnerre d'applaudissements nourris lors de cette réunion.

Chacun lui a rendu hommage, évoquant et louant les réalisations positives de son mandat.

Sa vision de l'Europe a également été saluée par une tribune ou se sont exprimées les dirigeants socialistes allemands ( Martin Schultz ), belges ( Di Lupo) italiens, forces vives du parti socialiste européen, à la veille des élections européennes de 2024.

Prochain défi : l'élection du Parlement européen en 2024

Démonstration de force de Bernard Cazeneuve, le rassemblement de Créteil a été un moment fondateur : La Convention a fait son entrée dans l'arène politique, sans qu'on puisse mettre en doute la réalité de sa capacité à mobiliser de nouvelles énergies pour la la gauche de demain, tout en assumant le bilan de la gauche qui gagne, de Mitterrand à Hollande.

Après Créteil, de nouveaux défis se dressent devant nous.
 
L'organisation d'un mouvement cohérent, uni, présent dans tous les territoires. L'élaboration collective d'une doctrine et d'un projet de gouvernement plus précis,  dans l'inspiration du Manifeste.

La première épreuve à venir : les prochaines élections européennes, qui requièrent naturellement une liste réformiste autonome, cohérente résolument tournée vers l'Europe, sans ambiguïté ni collusion avec l'euroscepticisme de la gauche radicale.

Guillaume Lacroix, le président du Parti radical de gauche, a été clair : une liste indépendante prendra le départ.

Un lancement réussi

S'il n'est pas de vent favorable pour qui ignore où est le port...
Pour les soutiers de La Convention, le lancement de la nef est une réussite, le capitaine a fait le point,  tracé la route, donné le cap et la destination.
Certes, rien n'est encore acquis, il reste encore beaucoup à faire.
Retroussons nos manches, dépoussiérons nos claviers et ouvrons les débats...
La Convention est lancée.


Franck Martin