La Marmite aux potins (3) : Pouah ! Un élu a craché dans la soupe...


Franck Martin

Aucun doute n'est possible : sur le marché, ce samedi matin, la marmite aux potins va bouillir autour du cas Bidault. Pourtant, le cas est tristement banal. Un adjoint n'obtient pas la place que son ambition lui dicte d'occuper sur la prochaine liste municipale. Il claque la porte. Quoi de plus vain, quoi de plus commun ?


Une ambition extravagante

J'ai tout tenté pour apaiser la brûlure narcissique, la vanité blessée d'un homme que j'ai indéfectiblement soutenu depuis son entrée en politique. Cette fois-ci, Jacky Bidault voulait la première place sur ma liste. La place de premier adjoint. Il voulait obtenir aussi une vice-présidence à la CASE.

Par respect pour mon équipe, je ne pouvais pas aller aussi loin, lui donner la place de maire-adjoint, occupée depuis presque 20 ans par un ami indéfectible, loyal, historiquement et politiquement légitime. Pour occuper une telle place, il faut créer le consensus autour de soi et non le doute ou le conflit. Rassembler et non diviser.

Par respect de la loi sur la parité, je ne pouvais mieux  proposer à monsieur Bidault que la place de numéro 3 sur la liste. Pas si mal, non ? Mais Monsieur Bidault juge indigne de son haut mérite cette place de numéro 3 que je lui proposais, il y a une semaine, à peine...

Il s'en va. C'est son droit. Dans une équipe municipale, en pleine préparation pour la prochaine échéance, chacun est libre de partir ou de rester... Mais la plupart de ceux qui partent le font dans la dignité. Monsieur Bidault a choisi de partir en ajoutant l'insulte publique à la tristesse de ceux qui ont cru en lui.

Il a oublié que nul ne se grandit en tentant d'abaisser les autres et surtout ses amis d'hier.

Il a choisi de partir en inventant une histoire de complot pour se justifier, au mépris de toute vérité. Abracadabrant. Il est parti de son propre chef, personne ne l'a chassé, personne ne l'a "sacrifié". J'ai tenté, jusqu'au bout, de le retenir...

6 ans de bonheur municipal, gâchés par un enfantillage

Rien d'extraordinaire dans ce non-évènement. Dans d'autres communes, une foule d'élus a démissionné en cours de mandat. Et combien ne se présenteront pas en mars prochain, par dépit ou par conflit ? Je crois même qu'un maire local a épuisé, en six ans de mandats, tout le vivier de ses colistiers... Cela ne mérite pas un entrefilet dans la presse.

Mais nous sommes à Louviers... Monsieur Bidault a donc droit à son heure de gloire, à son Graal, sa page dans La Dépêche qui lui donne l'occasion de dénigrer une équipe municipale pourtant extraordinairement unie et solidaire.

Au sein de cette équipe municipale, je sais que monsieur Bidault a connu six années de bonheur, comme tous ceux qui ont travaillé, avec dévouement et loyauté, au service de Louviers et des Lovériens.

Il a fait aussi mon bonheur de maire, durant 6 ans, par son bon travail au service de sa ville. En retour, je l'ai toujours défendu, soutenu, j'ai vanté son action : elle le méritait. En retour, il a bénéficié de l'image, partagée par tout Louviers, d'un élu disponible, compétent, travailleur et efficace. La rénovation de la voirie de Louviers lui doit beaucoup...

Une image brisée : la sienne

De cette bonne image, il ne restera rien. En un instant, une déclaration à la presse, il a tout gâché, il a fait voler en éclats son image publique. Il restera dans les mémoires comme celui qui est entré en politique par le soutien d'une équipe et d'un maire qui lui ont donné sa chance. D'un homme qui sort par la petite porte, en trahissant ses amis et crachant dans la marmite.

Il sait parfaitement que les Lovériens renouvelleront leur confiance à l'équipe qu'il trahit ! Il ne lui reste plus qu'à s'enfoncer dans l'oubli, dans l'indifférence générale : son poids politique tenait à sa place dans notre équipe et au soutien du PRG, dont il vient de démissionner.

Il va désormais aller au plus offrant : les listes d'opposition manquent si cruellement de candidats... Mais il n'y entrera qu'avec une image trouble, entouré d'un halo tenace de soupçon, de déloyauté, de méfiance. Qui trahit un jour trahit toujours, dit le dicton. Le pire est que je crois que Jacky Bidault, au fond de lui-même, veut être un homme de bien, un homme loyal... Mais, pour justifier son départ, il s'est mis, tout seul, dans une situation intenable.

Traînant cette image trouble, où sera-t-il accueilli comme le Messie ? Il risque de déchanter. Ne pouvant prendre la place d'Anne Terlez, s'imposera-t-il à la place de monsieur Duvéré, Pape, ou Bazire ? Il risque de s'apercevoir qu'il a lâché la proie pour l'ombre... Numéro 3 sur la liste du maire, c'est mieux que numéro X sur une liste d'opposition qui n'aura - au mieux - que 2 élus sans pouvoir.

Un épisode vite oublié

Beurk ! Un adjoint a craché dans la marmite...
Nous sommes tristes, nous le regrettons, c'était un ami. Je ne suis pas loin de penser que lui-même regrette déjà. Qu'il se console en méditant la blague de Pierre Dac : « Mieux vaut s'enfoncer dans l'oubli, qu'un clou dans la fesse droite ! »

Si tant est que les enfantillages de Monsieur Bidault inquiètent quiconque, que les Lovériens se rassurent ! Il y avait une municipalité avant Monsieur Bidault. Il y aura une municipalité après Monsieur Bidault : la nôtre. Nul n'est indispensable pour continuer le bon travail commencé en 1995. La politique ne se résume pas à se chamailler pour des postes, mais à mettre au travail toutes les bonnes volontés au service du bien commun.




Franck Martin