Gens du voyage : elle court, elle court la rumeur...


Franck Martin

La manipulation des peurs et de l'intolérance est une arme politique répugnante. Nicolas Sarkozy en a donné un exemple sordide dans son discours de Grenoble, en humilant les Roms et plus largement, tous les gens du voyage.
A son tour, l'aboyeur de l'UMP locale tente d'ameuter les habitants du quartier des Monts en faisant courir une rumeur - fausse - sur l'implantation d'une aire d'accueil des gens du voyage dans le quartier des Monts. Rumeur absurde.
Tant pis pour lui, car la vérité finira par se faire jour et sa crédibilité en souffrira un peu plus que d'habitude...


Une volonté claire : aider la sédentarisation

Les gens du voyage font peur
Je ne suis pas niais, ni angélique : tout groupe humain dont la situation sociale est plus difficile que les autres génère des problèmes pour la collectivité. Un mode de vie différent, une situation d'exclusion collective, un ostracisme virulent génèrent parfois des comportements déviants et rendent souvent malaisée la cohabitation avec les gens du voyage.

Mais à l'inverse, l'acceptation de la différence, le respect de leur culture, la main tendue pour les aider suscitent la détente, la cordialité, la banalisation des rapports entre citoyens sédentaires et non-sédentaires.

Je suis le maire de tous les Lovériens. Je veux que tous ceux qui souhaitent y résider trouvent un toit pour les abriter. Or, beaucoup de gens du voyage... cherchent à construire une maison. Il faut donc les aider à faire le premier pas vers un mode de vie sédentaire, en leur vendant un terrain, prélude à une meilleure intégration.
C'est tout le défi de l'accompagnement à la sédentarisation, une politique volontariste que nous sommes fiers d'assumer et de mettre en place.


Les enfants du voyage sur l'aire de Louviers
Tous les maires de la CASE le savent bien : de nombreuses familles non-sédentaires cherchent à s'installer durablement, en achetant un bout de terrain, souvent inadapté. Mais une fois installé, ces familles se fondent dans la masse et se font oublier. Les cas sont nombreux à Louviers, Pinterville, Acquigny, Saint Pierre-du-Vauvray, etc.

Faute de terrains disponibles, les gens du voyage jettent parfois leur dévolu sur des emplacements où leur installation est inadmissible. Ainsi, à Louviers, l'équipe municipale a du batailler ferme contre des promoteurs peu scrupuleux, qui avaient divisé et vendu - ils ont fini par rembourser - un vaste espace naturel, inconstructible, car nécessaire à l'expansion des crues de l'Eure...

La bataille de l'Impasse des Prés donne la mesure du risque encouru par la commune : si on n'organise pas un débouché à la volonté de sédentarisation, les implantations sauvages vont s'étendre et les conflits se multiplier...

L'inauguration de l'aire d'accueil
En cohérence avec son objectif de mixité sociale - et avec courage, car il est impopulaire et électoralement risqué de ne pas aboyer avec la meute de l'ostracisme - la municipalité de Louviers a réservé trois emplacements différents pour y permettre l'installation - au compte-gouttes -  de quelques familles souhaitant entamer la transition vers la sédentarisation.

Aux Monts, il existe un terrain, propriété municipale, d'une superficie de 3/4 quarts d'hectare. De cette propriété, nous détachons une parcelle d'environ 2500 m2,un quart d'hectare. A son tour, cette parcelle sera divisée en trois confettis, en trois lots, permettant l'installation de trois familles, l'installation de trois caravanes, qui ont vocation à laisser place à des maisons. La belle affaire... Elle déchaîne pourtant cris et chuchotements, chargés du souffle fétide de l'ostracisme.

La peur est mauvaise conseillère...

Une pétition circule, la rumeur enfle. J'entends tout... et n'importe quoi. Certains habitants des Monts disent que nous faisons bien, mais que nous ferions encore mieux ailleurs, dans des quartiers voisins...
D'autres poussent l'hypocrisie jusqu'à me dire que le quartier des Monts n'est pas assez bien pour les gens du voyage, car trop éloigné des commerces et des écoles et qu'il faudrait les rapprocher du centre ville... Tant de sollicitude me touche !

Mais après l'implantation d'une véritable aire d'accueil, après avoir bravé l'ouragan médiatique et politique qui m'a coûté mon siège de conseiller général, ce dont je suis fier comme on peut l'être d'une blessure de guerre - cette tempête dans un verre d'eau n'a rien qui m'incite à fléchir ma détermination.

Aujourd'hui, ceux qui se sont opposés à l'implantation de l'aire d'accueil de Louviers admettent que leurs peurs étaient infondées : ni Louviers, ni Pinterville ne vivent dans les embouteillages de caravanes et l'insécurité permanente.

Les fantasmes laissent place à la réalité d'une aire d'accueil où l'Agglo mène un magnifique travail d'accompagnement social. Une aire d'accueil qui permet aux gens du voyage de vivre dans la salubrité et la dignité.


Franck Martin