Entre Cassandre et les pets de vache, mon optimisme est radical


Franck Martin

Lundi dernier s'est tenue la session plénière de l'assemblée régionale de Haute Normandie. Voici mon intervention orale :


Cassandre et Pangloss

Dans la course à l’électeur, Cassandre a toujours battu Pangloss. Sur le marché électoral, l’indignation – verte ou bleue - n’est-elle pas plus facile à vendre que la proposition rose ? Parce que leur seul Dieu est l’homme, leur seule religion est l’humanisme, les radicaux de gauche préfèrent affirmer que contredire.
Notre credo est de dire oui à la beauté du monde et de croire que l’homme peut tout et que la raison est capable de résoudre les problèmes que l’humanité se pose à elle-même. Et j’ai noté que l’incapacité à proposer était proportionnelle à la propension à pleurnicher et à faire du pessimisme une rente électorale.
Pourtant, de bonnes nouvelles pourraient éclairer cette matinée : l’avancée de l’acte 3 de la décentralisation, le lever de rideau, tant attendu, sur le tracé définitif de la liaison autoroutière A28 / A 13 et du contournement Est de Rouen.
La Région sortira renforcée de l’Acte 3 de la décentralisation. Toutes les informations recueillies auprès des ministères, les déclarations ministérielles devant les congrès d’élus vont dans le même sens. Les Régions verront leur rôle de chef de file économique confirmée, piloteront ou copiloteront les fonds structurels européens, la Banque publique d’investissement.
Autre bonne nouvelle, régionale celle là : le tracé de la liaison A13 / A 28 est fixé. Le verrou de Rouen va sauter et l’agglomération rouennaise pourra mieux respirer. La dynamique économique régionale va bénéficier de l’accélération et de l’intensification des échanges européens et nationaux sur le méridien de Louviers.

Un grand pas vers l'autoroute


De tout temps, la civilisation et les marchés se sont développés au carrefour des grandes routes et autour des ponts jetés sur les fleuves.
 A une échelle certes plus modeste, ce tracé crée un carrefour stratégique entre l’axe Seine et le méridien de Louviers, ouvrant le trafic vers le Nord de la France et la fameuse route du blé Orléans, Chartres, Dreux, Evreux.
Ce carrefour va permettre de créer de l’activité là où elle manque cruellement, en désenclavant la vallée de l’Andelle, vallée du chômage où Sealynx agonise. Il ne vous échappe pas que le franchissement de la Seine s’opérera à deux pas du site Mreal d’un côté et de Rouen Sud de l’autre.
Deux sites où le pôle métropolitain CREA CASE prévoit de développer  2 plateformes multimodales et intensifier le développement économique autour des échangeurs. C’est d’ailleurs la tâche des élus, dans la future discussion du projet, que de peser de tout leur poids pour que ni le positionnement des péages, ni l’emprise des échangeurs ne stérilisent le potentiel de développement économique apporté par cette liaison autoroutière et le contournement Est de Rouen.


Pets de vache et violette de Rouen

Le retour au char à boeufs attaquerait la couche d'ozone !
Bien que cette opération soit essentielle pour le développement régional, certains s’obstinent à le contester. Ceux qui veulent nous ramener à l'âge des chars à boeufs pour protéger la violette de Rouen en sont réduits à pointer du doigt la difficulté du financement pour s'obstiner dans leur refus du projet. En oubliant qu’un char à bœufs pollue plus qu’un camion : chaque flatulence de bovidé libére un pet de méthane dramatiquement corrosif pour la couche d’ozone. Mais la violette survivra : s'il a fallu tant d'années pour définir un tracé, c'est précisément parce qu'il fallait rendre inoffensif son impact sur l'environnement, sous le regard soupçonneux de la commission de Bruxelles.
Certes de l’argent, il en faudra : ces 41 kilomètres valent un bon milliard d’euros.
Mais les Cassandre ont tort car... le temps c'est de l'argent et vice-versa ! S'il y a beaucoup d'argent, le projet peut maintenant se faire vite. S'il y en a peu, cela prendra plus de temps. Mais il se fera.

Cassandre et cassette

Le tracé choisi épargne la fameuse violette de Rouen
Certes, il est tentant de se draper dans la toge de Cassandre et clamer que les caisses de l’Etat sont vides et que les collectivités locales sont exsangues. Ce n’est tout simplement pas vrai. Une lecture attentive du très officiel rapport de l’Observatoire des finances locales atteste que, depuis 2 ans, la formation brute de capital fixe des collectivités, autrement dit notre investissement a nettement repris sa marche en avant. Même si le progrès est lent, il n’y a jamais eu autant d’argent investi.
 Le « crédit crunch » tant redouté a fait plus de peur que de mal. Réjouissons nous, mes chers collègues, de la création de la Banque publique d’investissement. En confiant aux régions le copilotage de cet outil de financement, en préparant la régionalisation des crédits européens,l’Etat réaffirme notre mission : construire l’avenir.
Et pour  finir : « Conjugenda est Normanniae » Il faut réunifier la Normandie


Franck Martin