Douains : pot de terre contre pot de fer ?


Franck Martin

La messe n'est pas dite : malgré l'avis favorable de la CDAC, l'implantation du Village de Marques Mac Arthur Glen à Douains n'est pas acquise. Des voies de recours restent ouvertes et le dossier des opposants est loin d'être vide. Soutenu par les présidents d'agglomération d'Evreux et de Louviers, un recours devant la commission d'appel nationale se prépare. Le pot de terre du commerce locale peut contenir la potion magique qui mettra fin à ce projet destructeur.


Réunion d'information des commerçants à Louviers, avec Mme Barbé et MM. Bazin et Met
Certes, il ne suffit pas d'avoir raison pour gagner contre les puissances d'argent, mais les magistrats qui composent la commission d'appel nationale sont plus rationnels et pondérés que les élus sensibles aux retombées financières immédiates.

Il faut saluer la démarche menée par l'association D3V composée de commerçants d'Evreux, de Louviers et en partie de Vernon. La pugnacité de MM. Bazin, Met, relayée à Louviers par Mme Barbé s'exprime de façon intelligente et argumentée. La contre-étude menée par l'association D3V est cohérente et convaincante.

Elle démontre l'extrême dangerosité du projet pour le commerce local et pour la cohésion territoriale. Ce qui m'engage à faire appel de la décision de la Commission locale devant la Commission nationale, en espèrant que les magistrats qui la composent seront moins sensibles au chant des sirènes de la finance internationale.

Un danger évident

Retenons l'essentiel. De l'aveu même de la chambre de commerce de l'Eure, le Village de Marques prélèvera 10 à 20 millions d'euros de chiffre d'affaires sur les zones de Vernon, Evreux et de Louviers. La perte de chiffre d'affaires moyens pour le commerce actuel sera de 6 à 12 % pour les centres villes et de 5 à 10 % en périphérie ( grandes surfaces ).

Admis par tous, y compris le promoteur Mac Arthur, ce chiffrage suffit, selon moi, pour condamner ce projet. Car c'est l'ensemble du commerce qui passera du mode "développement" au mode "survie". L'impact négatif ne se limite pas à la destruction d'emplois, ne se limite pas à la fermeture de dizaines de magasins.

C'est l'ensemble du tissu commercial qui devra se battre pour survivre, qui sera fragilisé par Mac Arthur. Une baisse moyenne de 12% du chiffre d'affaires empêche, évidemment, d'investir, de se développer, d'améliorer le service rendu au client, d'animer les centres villes. Elle met tout le commerce local le dos au mur, dans l'incapacité d'améliorer, de développer l'accueil du client.

Le commerce local ne pourra plus se renouveler, la régénération du tissu commercial ne se fera plus. Déjà, les banquiers durcissent le ton et exigent que les business plans des commerçants désireux de s'installer intégrent l'impact de Mac Arthur sur la zone de chalandise de l'Eure.

A terme, les fonds de commerce, tous les fonds de commerce, perdront de leur valeur dans cette zone.
Un commerce de proximité dynamique et diversifié est un élément essentiel de la qualité de vie dans une commune. L'arrivée de Mac Arthur Glen ruine tous les efforts consentis par les collectivités locales pour dynamiser le commerce de proximité, animer les centres-ville pour améliorer la qualité de vie de tous les habitants. 

L'incurie récompensée

Un commerce de proximité dynamique et diversifié est un élément essentiel de la qualité de vie dans une commune. L'arrivée de Mac Arthur Glen ruine tous les efforts consentis par les collectivités locales pour dynamiser le commerce de proximité, animer les centres-ville pour améliorer la qualité de vie de tous les habitants.

Pour le consommateur d'Evreux, Louviers, Vernon, le choix sera bientôt simplifié : faire les courses à l'hypermarché ou au Village des Marques, seuls capables de résister à un mode de concurrence déloyal. Quelle régression !

On peut s'amuser de l'hypocrisie des grands élus, qui parlent d'urbanisme, de développement durable et concerté, animent des CAUE, demandent l'élaboration de schémas d'aménagement commercial, de SCOT, et n'ont rien de plus pressé que de soutenir la casse de la cohésion territoriale.

Certes, l'incurie des élus de Vernon et de la CAPE, incapables de promouvoir, depuis les années 90, le développement de l'activité économique sur la zone de Douains a pesé lourd dans la balance.

Aujourd'hui, ils se prosternent devant la manne tombée du ciel. L'arrivée du Village de Marques leur permet d'effacer d'un coup, quinze ans d'erreurs et de stagnation et de bénéficier enfin de rentrées financières considérables.


Franck Martin