De l'Egypte aux cantonales... les avatars de la démocratie


Franck Martin

Alors qu'en France, vieux pays recru de sinistrose, on annonce une abstention record aux élections, l'aube de la démocratie se lève sur le jeune Maghreb.


L’actualité a beaucoup de talent, ces derniers jours !
Chaque soir, à la télévision, dans les images incroyables venues d’outre-Méditerannée, nous regardons passionnément l’Histoire écrire une nouvelle page. Ces manifestations qui éclatent presque simultanément en Egypte, Tunisie, Lybie, Yémen aspirent à la liberté...
Un Maghreb démocratique est-il en train de naître, confirmant les progrès planétaires de la liberté  ?
N’en déplaise aux prophètes de malheur - dont le pessimisme cache toujours quelque chose à nous vendre – en trente ans, le temps d’une génération, la carte politique de la planète s’est profondément transformée. Pas à pas, le monde avance dans le bon sens et poursuit sa route sur la voie du progrès.

Le crépuscule des dictatures, l'aube démocratique

Prenez l’Amérique du Sud : sans violence, les démocraties ont remplacé l’atroce kyrielle de dictatures tant civiles que militaires du Chili, de l’Argentine, du Brésil et de nombre d’ex républiques « bananières. » Certes, les droits de l’homme ne sont pas une priorité en Colombie, ni même dans un Mexique déchiré par la lutte contre les narcos-trafiquants. Reste la sinistre dictature cubaine, ses geôles et sa misère. Mais, de Pinochet à Lulla, quel progrès !
Qui, il y a trente ans, aurait parié sur l’effondrement du mur de Berlin, la liberté retrouvée pour les peuples de l’Est européen, l’Allemagne réunifiée ? Qui, autrement qu’en rêve, voyait un président noir diriger les USA ?
Certes, 60 ans après la conquête de son indépendance, le continent africain paraît toujours assez mal parti. Mais qui aurait osé parier sur la transition pacifique de l’apartheid à la démocratie en Afrique du Sud, de l’arrivée au pouvoir, sans effusion de sang, du charismatique Nelson Mandela et de ses successeurs ?

Un héritage en désherence ?

Pourtant, il suffit d’ouvrir sa télévision pour le voir, chaque pas vers la liberté et la démocratie est durement gagné : trop de sang sèche sur les statues de la Liberté. En France aussi, nos libertés sont le fruit d’une histoire de bruit, de fureur, de révolutions aussi, une histoire où aucune liberté n’a jamais été octroyée, mais toujours conquise. Par les armes d’abord, par le bulletin de vote ensuite. Par nos parents, nos aïeux, par tous ceux qui se sont levés contre l’oppression. Laisserons nous dépérir cet héritage ?

Ce qui est avalé n'a plus de goût

Un proverbe dit que ce qui est avalé n’a plus de goût. Dans nos pays d’Europe occidentale, havre de paix depuis 60 ans, les libertés et l’exercice des droits démocratiques, respirés depuis le berceau, font tellement partie de nos vies que nous nous payons le luxe de les dénigrer, de les mépriser, de les dévitaliser. L’abstention n’est que le symptôme d’une gangrène qui s’étend.
Et la démocratie, parce qu’elle repose sur l’effort consenti par chaque citoyen, semble de plus en plus fragile dans les vieux pays qui font figure d’enfants gâtés par l’Histoire. En France, la politique n’a pas bonne presse, on crie haro sur les élus, accusés de tous les maux, oubliant qu’en République le peuple est libre d’élire qui il veut. Les peuples ont les élus qu’il méritent.

Ici et maintenant

Entre les deux rives de la Méditerranée, le contraste est tellement brutal ! D’un côté, l’espoir illumine les jeunes visages entrevus dans ces manifestations où la mort rôde sans cesse. Chez nous, l’ennui ou la répugnance se lit trop souvent sur des mine renfrognées, lorsque vous parlez politique...La France déprime, la France est désenchantée. Et le rêve n’est pas le point fort de la démocratie, qui ne prétend ni trouver un autre monde, ni créer un homme nouveau, comme les épigones de Marx et d’Hitler. Les démocrates veulent améliorer le monde réel, celui d'aujourd'hui. Ce n'est pas si mal.

A Louviers...

A Louviers, la campagne électorale est lancée. Des équipes bénévoles sillonnent la ville et frappent aux portes pour débattre des idées qu’elles souhaitent porter au pouvoir départemental. Je comprends bien que le débat cantonal ne soit pas forcément exaltant, ni porteur d’un fol enthousiasme.
L’abstention est une faute grave, un crachat sur les victoires de nos parents. Une gifle au visage de ceux qui risquent leur peau au Maghreb, sous le drapeau d’une liberté qui nous est acquise et dont trop d’entre nous ne se servent pas. La démocratie s’use si l’on ne s’en sert pas. Je fais confiance aux Lovériens : le 20 mars, ils voteront. Pour le changement, avec Jacky Bidault. Dans la continuité, avec Jean-Louis Destans



Franck Martin