Contre ceux qui veulent dresser des murs aux frontières...

France-USA même combat


Franck Martin

Au hasard de mes lectures du soir, je suis tombé sur ce poème de Genevieve Taggard , écrit en 1941, à l'heure où les USA fermaient leurs ports aux réfugiés venus de l'Allemagne nazie.


J'ai bâclé une (mauvaise) traduction, que vous améliorerez sans doute.

Aujourd’hui dans l’effroi du changement
Alors que les villes bombardées se dissipent en fontaines de débris
Nous disons à l’étranger traversant la mer
Pas ici, pas ici, va ailleurs !
Ici nous gardons
Les barrières closes. Nous dressons des murs contre le danger, nous scellons étroitement
Les ports, nous craignons d’aspirer le monde étranger
 

Bouleversé, j'ai lu la suite...

It is a time of many errors now.
Le temps est venu d' innombrables erreurs
And this the error of children when they feel
Et ceci est l’erreur des enfants quand ils ressentent
 But cannot say their terror. To shut off the stream
Mais ne peuvent dire leur terreur. Faire barrage au courant
In which we moved and still move, if we move.
Qui nous a porté et nous porte encore lorsque nous avançons
The alien is the nation, nothing more or less.
L’étranger est la nation, rien de plus, rien de moins
How set ourselves at variance to prove
A quel point nous contredire pour prouver
The alien is not the nation. And so end the dream.
Que l’étranger n’est pas la nation. Et ainsi mettre fin au rêve.
Forbid our deep resource from whence we came,
Tarir la profonde source d’où nous sommes venus
And the very seed of greatness.
Et cette graine même d’où germa notre grandeur
This is to do
C’est ainsi faire
Something like suicide; to choose
Quelque chose comme un suicide ; choisir
Sterility—forget the secret of our past
La stérilité – oublier notre passé
Which like a magnet drew
Qui attira comme un aimant
A wealth of men and women hopeward.
La richesse d’hommes et de femmes pleins d’espoir
And now to lose
Et maintenant perdre
 In ignorant blindness what we might hold fast.
Dans l’aveuglement ignorant ce que nous devrions agripper
 
The fright of change, not readiness.
La peur du changement au lieu de l'ouverture
Instead

Inside our wall we will today pursue
Derrière notre mur nous allons traquer
The man we call the alien, take his print,
L'homme que nous appelons étranger, prendre ses empreintes
Give him a taste of the thing from which he fled,
Lui faire goûter cela même qu'il a fui
Suspicion him.
Suspectons le.
And again we fail.
A nouveau, nous échouons.
How shall we release his virtue, his good-will
Comment libérer ses qualités, sa bonne volonté
If by such pressure we hold his life in jail?
Si par une telle pression, nous maintenons sa vie en prison ?
The alien is the nation. Nothing else.
L'étranger est notre nation. Rien d'autre.
And so we fail and so we jail ourselves.
Et ainsi nous échouons et ainsi nous nous emprisonnons.
Landlocked, the stagnant stream.
Enclavés. Le courant stagne.
So ends the dream.
Ainsi prend fin le rêve
O country-men, are we working to undo
O mes compatriotes, sommes-nous à l’œuvre pour défaire
Our lusty strength, our once proud victory?
Notre robuste énergie, notre fière victoire de naguère ?
Yes, if by this fright we break our strength in two.
Oui, si l'effroi brise notre force en deux
If we make of every man we jail the enemy.
Si nous faisons un ennemi de chaque homme en rétention
If we make ourselves the jailer locked in jail.
Si nous faisons de nous-même le gardien enfermé dans la prison
Our laboring wills, our brave, too brave to fail
Notre volonté à l’épreuve, trop brave pour échouer
Remember this nation by millions believed to be
Souvenons nous de cette nation que par millions nous avons cru être
Great and of mighty forces born; and resolve to be free,
Grande et née de puissantes force et de la volonté d’être libre
 To continue and renew.
 Pour grandir et renaître

Ce poème est né sous la plume de Geneviève Taggard (1894-1948) alors que les Etats-Unis ( pays fait par des émigrants) commençaient à fermer ses portes aux réfugiés fuyant l'Allemagne nazie...

Ce poème dit l'essentiel : The alien is the nation. L'étranger {sur notre sol} est la nation.

A relier à la définition républicaine de la nation française, établie jadis par Renan.

Ajoutons que le migrant d'aujourd'hui sera demain une richesse pour le vieux pays d'Europe qui l'accueillera.

Alors jetons ce poème à la face de tous ces faux-français qui refusent d'accueillir réfugiés et migrants. Tous ceux qui veulent dresser des murs aux frontières.
Envoyez le à votre député, qu'il soit d'En Marche ou d'ailleurs...


Et répétons partout qu'être français c'est vouloir appartenir à la nation française, à défaut d'y être né.
 

Pour l'Europe, les réfugiés sont une chance, pas une charge


Franck Martin