Congrès du PS : Colères, magouilles et suspicion...


Franck Martin

Nicolas Mayer-Rossignol a tenu une conférence de presse pour dénoncer le comportement des affidés d'Olivier Faure, qui n'hésitent pas à priver de leur droit de vote des militants censés être favorables à ses opposants.

Une procédure judiciaire est lancée...


Nicolas Mayer-Rossignol et Lamia El Aaraje lors d’une conférence de presse, dans le 20e arrondissement de Paris, le 10 janvier 2022. (JEANNE ACCORSINI/SIPA
Têtes de liste de la motion Refondations, Nicolas Mayer-Rossignol et Lamia El Aaraje ont dénoncé des suspensions arbitraires d’adhésions et des allégations mensongères de la part d’Olivier Faure lors du débat vendredi dernier.

A 48 heures de l’ouverture du congrès du Parti socialiste (PS), la tension est montée d’un cran entre les trois candidats au poste de premier secrétaire : Olivier Faure (le patron sortant), Hélène Geoffroy (maire de Vaulx-en-Velin) et Nicolas Mayer-Rossignol (maire de Rouen).

Les dernières accusations – et les plus graves – sont tombées ce mardi 10 janvier, lors d’une conférence de presse du maire de Rouen. Dans un café du 20ᵉ arrondissement de Paris, en fin de matinée, il a dénoncé « des pratiques démocratiques inquiétantes ».

Lamia El Aaraje, porte-parole du PS et de Refondations, la motion portée par Nicolas Mayer-Rossignol, explique : « Aux législatives, ma campagne dans le 20ᵉ arrondissement a été très mobilisatrice du fait de mon opposition à une candidate LFI-Nupes. Résultat : on a eu 21 adhésions entre janvier et juin 2022. Et alors que tout était en règle, le Bureau national des Adhésions (BNA) a décidé de façon arbitraire de suspendre leurs droits. Ils ne peuvent donc pas voter. »

Le BNA justifie cette décision du fait d’un « afflux massif de nature à altérer la nature du vote », explique Lamia El Aaraje. L’équipe du maire de Rouen ne digère pas la décision et en a fait une affaire personnelle.

Une procédure judiciaire a d’ailleurs été lancée, indique la conseillère de Paris, afin que les militants – dont certains étaient présents dans le café – puissent retrouver leurs droits.

« De la petite tambouille »

C’est la direction du parti qui est visée.

« Ça jette le trouble sur les autres sections et fédérations », regrette Nicolas Mayer-Rossignol, qui n’a pas de preuves d’une fraude plus large. Mais Lamia El Aaraje rappelle que 40 socialistes sont encore suspendus pour leur dissidence aux législatives. « Dans plusieurs fédérations, des militants se voient radier des listes de façon non conforme », dénonce-t-elle.

« C’est de la petite tambouille », estime Patrick Kanner, soutien du maire de Rouen. Le sénateur en souligne d’ailleurs le terrible symbole :
« Quand on arrive à se dire que supprimer 40 adhésions par-ci et en ajouter 30 autres par-là permet de gagner le congrès, on est dans une logique crépusculaire ! »

« C’est un mensonge »

  A mesure que le congrès approche, les tendances de victoire sont de plus en plus contrastées. La logique voudrait qu’Olivier Faure, en tant que premier secrétaire sortant, arrive premier au moment des résultats jeudi soir. Mais s’il fait moins de 50 %, la dynamique pourrait se renverser au second tour avec une alliance des deux autres motions.
Cette tension pour la direction actuelle s’était déjà fait ressentir lors du débat entre les trois candidats vendredi dernier. Olivier Faure avait notamment pris la mouche quand Hélène Geoffroy assurait que Jean-Luc Mélenchon avait « théorisé l’apport des voix de l’extrême droite pour renverser le gouvernement » à l’Assemblée. « Il a feint une colère car le sujet embarrasse la direction », juge ce mardi la rivale anti-Nupes.

Du côté de Nicolas Mayer-Rossignol, on accuse également Olivier Faure d’avoir instrumentalisé le sujet des violences sexistes et sexuelles à la fin du débat, en sous-entendant que des signataires de leur motion avaient été sanctionnés par le parti pour ces raisons.

« C’est un mensonge », explique le maire de Rouen.

Pierre Jouvet conteste les mauvaises intentions et explique que c’était une simple question. « Il n’y a d’ailleurs pas de cas à ma connaissance », a-t-il précisé. Mais pour Hélène Geoffroy, ces évocations ont une autre raison : « Son attitude démontre une grande faiblesse de la direction qui n’a plus la majorité au PS. »

Réponse jeudi soir. RICHARD GODIN / OBS

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Franck Martin