Cantonales : ce qu'on ne vous dit pas...


Franck Martin

Ce qu'on ne vous dit pas ? C'est que le Front National n'a pas gagné de voix, il en a perdu. Cette illusion d'optique, complaisamment amplifiée par tous les commentateurs, permet au grands partis et aux médias d'esquiver le vrai problème : l'absence, face aux demandes des Français, d'une offre politique crédible, venant des partis de gouvernement, UMP et PS. Entretenir l'illusion politique d'une poussée du Front National leur permet de faire l'impasse sur la vraie solution : proposer un projet d'avenir collectif suffisamment sérieux et assez enthousiasmant pour que les Français y adhérent. La seule nouveauté de ce vote, c'est l'effondrement de l'UMP, l'ampleur de la défiance envers Sarkozy qui a provoqué un second tour atypique, différent.
Et que nul ne s'inquiète d'une autre illusion d'optique : lors des échéances décisives, l'abstention disparait, les Français votent massivement. Les chiffres sont là, il suffit de bien les lire.


Au premier tour, le Front National a perdu des électeurs !

Les chiffres sont là. Prenons l'élection cantonale de 2004 à Louviers. En 2004, M. Lebas, candidat du Front National compte 857 électeurs. En 2011, Mme Saclier dénombre 757 voix. Une baisse de X %. Particularité locale ? Que nenni ! Entre le premier tour de l'élection cantonale de 2004 et le premier tour de 2011, le Front National a perdu 100 000 voix soit 7% de ses électeurs de 2004 !

Rien, à part une illusion d'optique, ne permet d'affirmer que plus de Français apportent leur adhésion au programme du Front National, ni même que l'abstention massive met en péril le système électoral démocratique.

 

L'avenir d'une illusion

Freud affirme que certaines illusions ont de l'avenir. Et de fait, cette illusion d'optique politique se manifeste depuis des décennies. Essayons de la dissiper.
Prenez un paysage de bord de mer, un littoral à forte marée, comme les plages normandes du débarquement. Posez sur la plage, un gros rocher, une épave ou un morceau de blockhaus allemand, où l'on distingue une vieille croix gammée. Cette épave de l'histoire, c'est le Front National. La marée, en baisse ou en hausse, c'est le taux de participation.
A marée haute, à taux de participation fort, le vieux blockhaus du IIIème Reich a disparu, noyé sous le flot de marée. Vous revenez à marée basse, le blockaus est revenu. Il n'a pas changé, mais il apparait énorme, seul dans le paysage.
Plus le taux de participation est faible, plus le Front National émerge, en pourcentage de votants, même s'il stagne ou baisse en nombre absolu de voix.
Or, aux échéances jugées décisives par le peuple français, le vote populaire est là, la démocratie fonctionne bien. On vote normalement aux municipales, on vote fortement aux présidentielles, on vote massivement pour ou contre le traité de Maastricht ou le traité constitutionnel européen.

Les Français sont malins

Mais les Français sont malins ! Fines mouches, ils font bien la différence entre des scrutins principaux, où l'on engage le destin de la Nation ou la vie quotidienne dans la commune. Dans ces élections majeures, ils votent !
En revanche, lorsqu'ils veulent exprimer leur désaffection ou leur mécontentement vis-à-vis de l'offre politique, ils s'abstiennent, en choisissant de s'abstenir lors d'élections qu'ils estiment mineures, sans conséquences directes sur leur vie quotidienne ou le destin de la France.
Les sondages démontrent que très peu de Français connaissent le nom de leur président de conseil général ou de président de conseil régional.
Rien de motivant non plus dans un combat politique pour des cantons... qui n'existeront plus dans 3 ans.
L'occasion était bonne pour les citoyens déçus par les politiques de leur donner un avertissement sans frais et sans risque en allant pêcher à la ligne.

 

Un élément nouveau : l'effondrement de l'Ump


Actuellement, les Français ne sont pas satisfaits du gouvernement UMP et ne jugent pas crédible un projet d'alternance PS, encore inexistant. Ce mécontentement s'exprime donc de trois façons : l'effondrement de l'UMP, dont les électeurs sont massivement restés à la maison, un faible progrès en pourcentage du PS, qui aurait du bénéficier massivement du sentiment anti-Sarkozy et qui perd un million de voix par rapport à 2004 Troisièment choix du bulletin de vote FN par une minorité d'électeurs, moins nombreux qu'en 2004, j'insiste sur ce point.

Un élément nouveau : l'effondrement de l'Ump

Actuellement, les Français ne sont pas satisfaits du gouvernement UMP et ne jugent pas crédible un projet d'alternance PS, encore inexistant. Ce mécontentement s'exprime donc de trois façons : l'effondrement de l'UMP, dont les électeurs sont massivement restés à la maison, un faible progrès en pourcentage du PS, qui aurait du bénéficier massivement du sentiment anti-Sarkozy et qui perd un million de voix par rapport à 2004 Troisièment choix du bulletin de vote FN par une minorité d'électeurs, moins nombreux qu'en 2004, j'insiste sur ce point.


La seule nouveauté notable de ce scrutin, c'est l'effondrement de l'UMP qui a permis au FN d'être présent au second tour. Or, il est clair, et confirmé par les sondages de sortie des urnes, que les électeurs du second tour qui ont voté FN après avoir voté pour un autre parti au premier tour ne l'on fait qu'en désespoir de cause, sans adhérer aux idées du FN ni souhaiter voter FN à l'avenir. Ce qui fait des 35% des votes FN en France dimanche un mirage, une illusion d'optique trompeuse sur l'avenir.
Ce qui est confirmé par le fait qu'au bout du compte, seuls 2 conseillers FN ont été élus... Maigre pioche, en regard de l'avalanche de commentaires sur la prétendue poussée du Front

2 conseillers FN, c'est 2 de trop. Mais je suis conseiller régional de gauche et je vous rappelle qu'à la région siègent des conseillers régionaux FN sans qu'il y ait mort d'homme.

Dédramatiser, pour aller à l'essentiel

La montagne a accouché d'une souris : 2 conseillers généraux. La gauche moderne doit dédramatiser l'évènement, sans pour autant dédiaboliser le Front National.
Le mieux à faire est d'oublier cette élection sans importance pour aller à l'essentiel : construire la victoire de la gauche à la présidentielle, en focalisant ses efforts sur la construction d'un projet collectif ambitieux, dynamique, humain. Un projet réaliste, ancré dans la réalité économique, mais capable de faire rêver... La gauche doit cesser d'être anti, se montrer pro-active, créative, imaginative pour construire l'avenir de notre pays.


Franck Martin