Avec Priollaud : l'effet "colibri" c'est plutôt l'effet "riquiqui ?"


Franck Martin


Aller là ou notre siècle saigne... sans fuir nos responsabilités

Le dessinateur du "Monde" ne connait pas le maire de Louviers. Mais son dessin résume parfaitement "l'engagement" de Priollaud pour les réfugiés
Rien de plus noble que l'engagement. Les générations qui nous précèdent ont été jugées par leur engagement dans l'Histoire : affaire Dreyfus, guerre d'Espagne, Résistance, guerre d'Algérie. Dans une Europe apaisée, l'engagement citoyen a pris d'autre formes et ouvert le chemin des actions humanitaires et du droit d'ingérence au nom des droits de l'homme : Médecins du Monde, "Un bateau pour le Vietnam", Cour pénale internationale pour juger les crimes contre l'humanité.

En ce début du 21è siècle, la génération au pouvoir, nos dirigeants actuels seront jugés, par le tribunal de l'Histoire, sur l'accueil fait aux réfugiés fuyant l'enfer des guerres civiles : c'est là où nous siècle saigne.

Alors, quand le maire de Louviers nous fait la leçon en matière d'engagement citoyen, il est bon de lui rappeler que lorsque le gouvernement a fait appel à tous les maires de France, il s'est "engagé", sans rire, à accueillir une seule famille de réfugiés dans une ville de près de 20 000 habitants.

Alors que Pont-de-l'Arche et Val-de-Reuil s'engageaient pour plusieurs DIZAINES de familles. Une seule famille ! A Louviers, ce n'est pas l'effet colibri, mais l'effet riquiqui.
 

Les plumes du paon...

A Louviers, dit-on, l’année 2018 sera l’année de l’engagement. Ainsi en a décrété le maire. On serait tenté d’applaudir. Des deux mains. Quoi de plus noble que l’engagement citoyen ?  S’engager pour être utile, défendre ou illustrer une cause qui vous dépasse ?

Cela mérite bien que la Ville, à son tour, illustre la fable du colibri chère à l’écrivain-jardinier Pierre Rahbi don la morale est : « Chacun, à son niveau, qu’il soit petit ou grand, colibri ou  éléphant, doit s’engager à faire ce qu’il peut faire pour la planète. »
 
Sauf que…
 
Avec Priollaud, l’effet colibri se transforme en effet riquiqui ! Sa morale c’est : « Que les Lovériens fassent le maximum, que la Ville fasse le minimum , je me charge de faire sonner tambours et trompettes pour en tirer gloire personnelle et profit politique ! »

 

... et les marrons du feu ! C'est tout lui !

La Dépêche a bien fait de publier le programme du « Louviers engagé ». Il se résume en une liste d’actions disparates dont le seul point commun est de ne pas coûter un sou à la Ville, ni le moindre effort aux élus. Les actions concrètes, hors communication, sont portées par les « forces vives » non-municipales.
 
Examinées en détail, chacune mérite louange. On se réjouira d’apprendre que les sapeurs-pompiers feront la promotion du volontariat, que la chorale Le Tourdion fera une soirée cabaret, que les instituteurs emmèneront les élèves visiter le Parlement. Mais on ne peut s’empêcher de remarquer qu’il n’y a rien de bien nouveau, pour une année si particulière.
 

Mais que fait la Ville ?

Priollaud fait du Priollaud : de la com, de l'esbroufe, du neuf avec du vieux. A l’exception… d’une grande nouveauté : une dictée sur le thème de l’engagement ( on croit rêver ) et, point d’orgue de sa communication, une grand’messe, pompeusement baptisée  le « Congrès de Louviers ». L’ordre du jour prévoit déjà des flots de discours pour l’auto-satisfaction des élus. On baille déjà.

Sinon, rien de neuf, rien de marquant. Une énième réunion sur le micro-crédit, l’adhésion à un réseau de villes normandes, une énième séance de cinéma à Noël pour les plus démunis ( 10 ans que cela existe ! ). Un peu de soutien à l’opération Imagine qui se déroule dans le Pas-de-Calais ( voté en 2017).

 

Un exemple formidable d'engagement citoyen : le peintre Garouste à Louviers. C'était avant...

Dans le cycle des expos du musée ( cycle démarré en 1996 ! ) on dépoussière les œuvres d’un rapin, que l’on baptise « engagé » parce qu’il peint des ouvriers. Un engagement courageux… à l’époque de Zola, mais aujourd’hui, ça ne casse pas trop pattes à un canard. Ou même un colibri...

Pour mémoire, le musée de Louviers avait invité un peintre aussi célèbre, dans son domaine et dans le monde entier, tant pour la qualité de son œuvre picturale que la générosité engagement humanitaire que peut l’être le chanteur Sting : Pierre Garrouste, mécène et organisateur de l’ONG « La Source » qui s’occupe d’enfants en difficulté.

Une salle comble pour écouter Gérard Garouste parler de son engagement artistique et de son engagement humanitaire avec La Source


Franck Martin