Autres articles
Ah ! Montebourg…
Le beau gosse a tout pour plaire : beau parleur, avocat efficace, il fut le seul capable de mettre un peu d’art oratoire au service de son discours. Une pointe de gouaille faubourienne, un phrasé lent, bien respiré, son message est d’abord un massage. Un massage d’oreille qui excite le cœur.
Pour le reste, jeune héritier de la plus vieille tradition socialiste, il sait que les militants – et les congrès socialistes - se gagnent en forçant le trait : toujours plus à gauche. Il joue à fond la comédie molletiste : faire rêver les militants d’un monde en noir et blanc, de bons et de méchants, de traîtres et de chevaliers blancs. Ainsi la démondialisation, proposition parfaitement réactionnaire, tire sur la ficelle de l’indignation primitive.
Car Montebourg est ficelle, c’est sa qualité et son principal défaut !
Assez ficelle pour garder deux fers au feu, entre les deux tours, assez ficelle pour négocier férocement son appui contre de futurs sièges et maroquins, façon 4ème République, tout en se donnant l’air de prendre de la hauteur entre les deux tours, au nom de la 6ème République. Au fait, combien d’électeurs sont assez informés pour se souvenir qu’il a pillé cette belle invention dans la boîte à idées du parti radical de gauche, inventeur du programme de la 6ème République.
Il est assez ficelle pour faire croire que ses 17 % témoignent de l’émergence d’une force d’une dynamique cohérente. Remarquons d’abord que le courant Hamon faisait également 17% au congrès de Rennes : le bloc des enragés ne progresse pas. Remarquons surtout qu’il n’y a pas de bloc, mais un mille-feuilles trop léger, trop feuilleté pour ne pas se disperser au premier vent.
Les appuis politiques de Montebourg sont d’autant plus friables qu’ils viennent souvent de l’extrême gauche. Combien de voix Montebourgeoises sont venues de sympathisants du Front de Gauche, voire du NPA ? Celles là ne seront pas là dimanche. Plus que tout autre dans cette primaire, il n’est pas propriétaire de ses voix.