EPAVE SANGUINAIRES "A"
Cette épave du IIIème siècle avant J.-C., découverte en 1987, dans la passe des Sanguinaires, à la sortie du golfe d’Ajaccio a fait l’objet de quatre années de fouilles de 1988 à 1991 par les membres de l’Association pour la Recherche Archéologique Sous-Marine (ARASM) et de la commission régionale Corse d'archéologie FFESSM sous la direction d'Hervé Alfonsi.
Le navire
Aucune trace de coque n’est observée. Seuls, des indices comme les clous en cuivre et les fragments de feuilles de plomb témoignent de la présence d'une carène et de sa doublure. L’originalité de cette épave repose sur la présence d’une cargaison de verre et d'un fret plus classique d’amphores, de céramiques et de lingots de cuivre.
Les amphores
Les amphores devaient être nombreuses à bord. On retrouve l’association classique en cette période des trois types d’amphores, rhodien, gréco-italique, punique. Elles contenaient probablement toutes du vin. Les amphores rhodiennes, estimées à une cinquantaine, présentent, sur certains exemplaires, les estampilles représentant la rose caractéristique de Rhodes aux alentours du 3ème siècle avant Jésus-Christ. D’autres portent des estampilles rectangulaires indiquant sans doute l’année de fabrication ainsi que le nom du magistrat en charge de la cité à cette époque. L’inscription BAPI, relevée sur une anse parmi la quarantaine d’amphores gréco-italiques de la cargaison, confirme la présence en Corse de cette variante de gréco-italique mise en évidence à Aléria dans une tombe datant de 300/280 avant Jésus-Christ. Les amphores puniques sont surtout de type Mana D que l’on trouve souvent associées en Espagne à des amphores gréco-italiques et de la céramique campanienne.
Les céramiques
La cargaison d'amphores de ce navire est complétée par de la céramique commune, plats ou cruches de type oenochoe, céramique rouge à dégraissant avec des exemplaires du type patella et enfin céramique fine à vernis rouge ou noir On retrouve dans les céramiques à vernis noir, identifiées à de la céramique campanienne A, des profils caractéristiques, coupe proche des formes Lamboglia 21/25a, de 375 à 200 avant Jésus-Christ., coupe voisine des formes Lamboglia 34a, plat à poisson Lamboglia 23 dont la chronologie couvre la période 300/175 avant Jésus-Christ.
La quasi-totalité des lampes découvertes confirme les éléments de datation, lampes tournées fermées d’origine attique, largement exportées à travers tout le bassin méditerranéen du deuxième quart du 4ème siècle au deuxième quart du IIIème avant Jésus-Christ. Seule la lampe apulienne dont la production occupe toute la deuxième moitié du 4ème siècle tire la chronologie vers le bas.
Divers
Autre élément de datation et non des moindres, une monnaie de bronze à l’effigie d‘un des derniers pharaons d’Égypte Ptolémée IV, Philopator (211-204 avant Jésus-Christ) aboutit à privilégier une courte période, la seconde moitié du 3ème siècle avant Jésus-Christ.
Dans le fond du navire, sans doute pour augmenter le lest, se trouvent de petits lingots de cuivre et quelques meules rectangulaires s’inscrivant dans la tradition d’exemplaires découverts sur les épaves de Serce Limani, Kyrénia, El Sec ou Le Dattier.
Le verre
Mais l'importance de cette épave réside dans sa cargaison de verre, plus de 550 kg remontés à ce jour, sous forme de fragments de lingots mais aussi de restes d’objets manufacturés. Il est peut être possible de rapprocher la présence de ce navire et de sa cargaison de verre, de la découverte de perles de verre bleu dans la montagne environnante sur deux sites datant environ de 300 avant Jésus-Christ, fin de l'âge du fer en Corse.
Cargaison d’un navire égaré en provenance d’Espagne ou de Méditerranée orientale, provision d’un verrier à la recherche d’une installation dans de nouveaux comptoirs, marchandise d’échange entre Carthaginois et Corsi il reste à découvrir la destination de cette cargaison de verre et les raisons de la présence de ce navire dans le golfe d’Ajaccio dans la seconde moitié du 3ème siècle avant Jésus-Christ. Néanmoins la découverte de cette épave constitue une véritable révolution, d'après D. Foy et M.D. Nenna "puisqu'elle assure que du verre produit en Syro-Palestine était exporté vers l'occident dès la haute époque hellénistique".
Bibliographie
H. Alfonsi et P. Gandolfo, L'épave Sanguinaires A, dans Cahiers d'archéologie subaquatique, XIII, 1997, p. 35 à 74
D. Foy et M. D. Nenna, Tout feu tout sable, Musée de Marseille-Edisud, 2001, p.101
Le navire
Aucune trace de coque n’est observée. Seuls, des indices comme les clous en cuivre et les fragments de feuilles de plomb témoignent de la présence d'une carène et de sa doublure. L’originalité de cette épave repose sur la présence d’une cargaison de verre et d'un fret plus classique d’amphores, de céramiques et de lingots de cuivre.
Les amphores
Les amphores devaient être nombreuses à bord. On retrouve l’association classique en cette période des trois types d’amphores, rhodien, gréco-italique, punique. Elles contenaient probablement toutes du vin. Les amphores rhodiennes, estimées à une cinquantaine, présentent, sur certains exemplaires, les estampilles représentant la rose caractéristique de Rhodes aux alentours du 3ème siècle avant Jésus-Christ. D’autres portent des estampilles rectangulaires indiquant sans doute l’année de fabrication ainsi que le nom du magistrat en charge de la cité à cette époque. L’inscription BAPI, relevée sur une anse parmi la quarantaine d’amphores gréco-italiques de la cargaison, confirme la présence en Corse de cette variante de gréco-italique mise en évidence à Aléria dans une tombe datant de 300/280 avant Jésus-Christ. Les amphores puniques sont surtout de type Mana D que l’on trouve souvent associées en Espagne à des amphores gréco-italiques et de la céramique campanienne.
Les céramiques
La cargaison d'amphores de ce navire est complétée par de la céramique commune, plats ou cruches de type oenochoe, céramique rouge à dégraissant avec des exemplaires du type patella et enfin céramique fine à vernis rouge ou noir On retrouve dans les céramiques à vernis noir, identifiées à de la céramique campanienne A, des profils caractéristiques, coupe proche des formes Lamboglia 21/25a, de 375 à 200 avant Jésus-Christ., coupe voisine des formes Lamboglia 34a, plat à poisson Lamboglia 23 dont la chronologie couvre la période 300/175 avant Jésus-Christ.
La quasi-totalité des lampes découvertes confirme les éléments de datation, lampes tournées fermées d’origine attique, largement exportées à travers tout le bassin méditerranéen du deuxième quart du 4ème siècle au deuxième quart du IIIème avant Jésus-Christ. Seule la lampe apulienne dont la production occupe toute la deuxième moitié du 4ème siècle tire la chronologie vers le bas.
Divers
Autre élément de datation et non des moindres, une monnaie de bronze à l’effigie d‘un des derniers pharaons d’Égypte Ptolémée IV, Philopator (211-204 avant Jésus-Christ) aboutit à privilégier une courte période, la seconde moitié du 3ème siècle avant Jésus-Christ.
Dans le fond du navire, sans doute pour augmenter le lest, se trouvent de petits lingots de cuivre et quelques meules rectangulaires s’inscrivant dans la tradition d’exemplaires découverts sur les épaves de Serce Limani, Kyrénia, El Sec ou Le Dattier.
Le verre
Mais l'importance de cette épave réside dans sa cargaison de verre, plus de 550 kg remontés à ce jour, sous forme de fragments de lingots mais aussi de restes d’objets manufacturés. Il est peut être possible de rapprocher la présence de ce navire et de sa cargaison de verre, de la découverte de perles de verre bleu dans la montagne environnante sur deux sites datant environ de 300 avant Jésus-Christ, fin de l'âge du fer en Corse.
Cargaison d’un navire égaré en provenance d’Espagne ou de Méditerranée orientale, provision d’un verrier à la recherche d’une installation dans de nouveaux comptoirs, marchandise d’échange entre Carthaginois et Corsi il reste à découvrir la destination de cette cargaison de verre et les raisons de la présence de ce navire dans le golfe d’Ajaccio dans la seconde moitié du 3ème siècle avant Jésus-Christ. Néanmoins la découverte de cette épave constitue une véritable révolution, d'après D. Foy et M.D. Nenna "puisqu'elle assure que du verre produit en Syro-Palestine était exporté vers l'occident dès la haute époque hellénistique".
Bibliographie
H. Alfonsi et P. Gandolfo, L'épave Sanguinaires A, dans Cahiers d'archéologie subaquatique, XIII, 1997, p. 35 à 74
D. Foy et M. D. Nenna, Tout feu tout sable, Musée de Marseille-Edisud, 2001, p.101
EPAVE SANGUINAIRES "B"
Le gisement "Sanguinaires B" découvert en 1991, à l'entrée de la passe des Sanguinaires,dans le golfe d’Ajaccio a fait l’objet d'une année de fouille en 1991 par les membres de l’Association pour la Recherche Archéologique Sous-Marine (ARASM) et de la commission régionale Corse d'archéologie FFESSM sous la direction d'Hervé Alfonsi . Ce site a révélé la présence de sept lingots de plomb et une ancre concrétionnée . La masse, la forme, les dimensions des lingots plaident pour une origine espagnole dont la fabrication remonte au 1er siècle avant Jésus-Christ.
Bibliographie
H; Alfonsi et P. Gandolfo, Le gisement de lingots de plomb "Sanguinaires B", dans Cahiers d'archéologie subaquatique, XI, 1993, p. 99 à 110
Bibliographie
H; Alfonsi et P. Gandolfo, Le gisement de lingots de plomb "Sanguinaires B", dans Cahiers d'archéologie subaquatique, XI, 1993, p. 99 à 110
L'EPAVE CAPU DI MURU
L’épave Capu di Muru "A" découverte non loin de l’abri de Cacalu, sous la tour de Capu di Muru ne présente aucune trace du navire. Seuls des fragments ligneux éparpillés sont mis en évidence sur le site ainsi que des concrétions de clous en fer et en cuivre. Au niveau accastillage deux éléments sont découverts, une poulie complète et un anneau de cargue. La cargaison principale du navire constituée d'amphores de type DRESSEL 1B a pu être identifiée malgré l’absence d’exemplaire entier. Les principaux résultats concernent la présence de marques sur lèvre comme "OLLEL" et sur épaule comme "MTAN", "NON", "ME" ainsi que celles rencontrées sur les bouchons de pouzzolane. Les marques reconnues permettent d’identifier deux zones de production : ALBINIA, près de la ville d’Orbetello sur la rive gauche de l’embouchure du fleuve Albegna et LA FENIGLIA au Sud d’Albinia, à quelques kilomètres de COSA. Par contre, si l'existence de six marques révèlent des potiers différents, les bouchons de pouzzolane possèdent tous le même motif signifiant peut être la présence d’un seul mercator qui aurait chargé ce vin étrusque de la région d’Albinia. Des lampes et des fragments de lampes ont été identifiés. Il s’agit principalement de lampes à décor de globules, Dressel-Lamboglia de type 2 d’époque républicaine. Un autre exemplaire, caractérisé par la présence de deux ailerons latéraux appartient au type de lampe Dressel-Lamboglia de type 3 classique, d’époque républicaine. La fouille a permis la mise au jour, relativement rare, d'une partie de balance en bronze comme celles découvertes sur les épaves de la Madrague de Giens et du cap Taillat avec sa tige et le bouton jouant le rôle de contrepoids. Tous ces indices confirment la période de circulation de ce navire de commerce romain qui se situe aux alentours de 50 avant Jésus-Christ.
Bibliographie
H. Alfonsi, L'épave Capu di Muru "A", dans Cahiers d'archéologie subaquatique, XV, 2004 p. 187 à 227
Bibliographie
H. Alfonsi, L'épave Capu di Muru "A", dans Cahiers d'archéologie subaquatique, XV, 2004 p. 187 à 227
L'EPAVE DE L'ISOLELLA
L’épave de l’Isolella, datée du IIeme siècle après J.-C. a mis en évidence le transport de tuiles plates et rondes, tegulae, et imbrices. Le site se trouve, au Sud de la tour de l’Isolella. La cargaison de tegulae (tuiles plates) et d’imbrices (tuiles rondes) est relativement dispersée, aucune trace du navire n’est apparente. Les tegulae, de 33 à 42 cm de large pour une longueur de 59 à 62 cm présentent une masse moyenne de 10 kg, relativement importante par rapport aux tuiles provenant d’autres épaves. Les imbrices, de 44 à 46 cm de long pour une largeur de 14 à 19 cm et une masse de 3 kg, sont parfois retrouvées par paquets de 2 piles de 5 imbrices emboîtées, fixées par le concrétionnement malgré la disparition des liens d’origine. Concernant le poids de cette cargaison on peut formuler une hypothèse basse de 1,5 tonnes, haute de 3,5 tonnes. Des concrétions d’outils de charpentier et de clous ont été découvertes ainsi qu’une amphore à huile de type Dressel 20 qui permet de dater cette épave de la fin du 1er ou du début du 2ème siècle après Jésus-Christ .
Bibliographie
H. Alfonsi et P. Gandolfo, L'épave de l'Isolella, dans Cahiers d'archéologie subaquatique, X, 1991, p. 199 à 208
Bibliographie
H. Alfonsi et P. Gandolfo, L'épave de l'Isolella, dans Cahiers d'archéologie subaquatique, X, 1991, p. 199 à 208
L'EPAVE PORTICCIO "A"
L’épave Porticcio A, du milieu du IIIème siècle après J.-C. se trouve au voisinage de la plage de Porticcio. Découverte en 1990, elle a été étudiée après délivrance d’une autorisation de fouilles par le Ministère de la Culture pendant dix ans, de 2001 à 2010 par la commission Régionale Corse d'archéologie sous-marine FFESSM et l'ARASM sous la direction d'Hervé Alfonsi.
Le navire
Localisé à faible profondeur, le site a néanmoins fourni des vestiges de coque et un mobilier archéologique exceptionnel dans sa richesse et sa diversité.Malgré le peu de profondeur, 6 à 10 m, on y a mis au jour d’une portion de paroi de coque et de quinze membrures disposées sous une couche importante de lest. Les fragments de bois sont accompagnés de nombreux clous en bronze, de restes de cordes et de plaques de plomb de 1 mm d’épaisseur représentant le doublage de coque.
Les amphores
L'analyse de la cargaison révèle un chargement de plus de vingt types d’amphores en provenance de toute la méditerranée voire au delà, du Portugal à la mer noire. Les tessons les plus nombreux sont ceux d'amphores à vin orientales de type "Kapitän 2 " fabriqués sans doute dans une région des îles de la mer Egée et de la côte de l’Asie mineure. Ensuite ce sont ceux des amphores africaines « I » (type Africano piccolo) et « II » (type Africano grande) . Fabriquées dans la province romaine d’Afrique (Tunisie actuelle), les premières transportaient de l’huile tandis que les secondes contenaient des saumures et du garum, une sauce de poisson fort appréciée par les Romains. D'autre part ont été identifiées des fragments d'autres amphores vinaires orientales de type "Kapitan1", Agora F65/66, Crétoise 2 et Zemer 57. D'autres types d’amphores sont aussi représentés comme les « Dressel 20 » originaire de Bétique (Espagne du sud), Agora M254 de Sicile ou de Tunisie, les « Forlimpopoli »/Agora K114 » d’Italie du Nord-Est, les « Almagro 50 et 51C » de Lusitanie (Portugal), les amphores d’ « Egypte Romaine », de "Maurétanie césarienne", les « Tripolitaine », etc. Cette importante hétérogénéité du chargement peut paraître étonnante, cependant si nous nous replaçons dans le contexte de l’époque cela n’a rien de surprenant. En effet, le commerce maritime était souvent un commerce de redistribution. Des ports importants, jouant le rôle d’entrepôts, recevaient des cargaisons provenant de tout le bassin méditerranéen. Les commerçants s’y ravitaillaient, chargeaient lourdement leurs navires de toutes sortes de produits et alimentaient ainsi les différentes provinces de l’Empire romain
Le verre
On note à côté de la céramique africaine, la présence importante d’une vaisselle de verre et d’un chargement d’une centaine de vitres.
Les statues de marbre
Toutefois, l’originalité de cette épave réside dans sa cargaison d’objets d’arts en marbre, statues monumentales et bustes. Dans un premier temps deux statues de marbre, monumentales, de près de deux mètres de hauteur furent mises au jour. La première, fragmentée avant le transport, représente l’empereur Philippe Ier dit Philippe l’Arabe qui régna de 244 à 249 ap. J.-C., La seconde est entière mais assez abîmée. Il est possible de distinguer une silhouette féminine qui pourrait être Marcia Otacilia Severa impératrice et épouse de Philippe Ier. Les hypothèses concernant l’identité de ces personnages furent renforcées par la découverte de pièces de monnaie en bronze, à l’effigie de Philippe l’Arabe, de celle de son fils Philippe II, ainsi que de l’impératrice Marcia Otacilia Severa. Ces pièces dont la période de frappe est évaluée par différents spécialistes entre 248 et 249 ap. J.-C. nous permettent aussi de définir le « terminus post quem » (date de la première frappe de la monnaie la plus récente, avant laquelle le naufrage n’a pu se produire). Il est ici de 248 ou 249 apr. J.-C. D'autres éléments de marbre furent découverts par la suite. Un buste d'homme pouvant être Philippe 1er avec son piédouche, deux bustes de femme avec piédouche, un buste assez dégradée avec un visage non identifiable mais qui avec un crâne de forme ronde et rasé, rappelle des représentations monétaires de Philippe II que l'on retrouve sur l’une des pièces découvertes. On peut noter sur un des bustes de femme que les cheveux semblent être séparés au sommet par une raie médiane et tombe en nappe jusqu'à la base du cou derrière les oreilles. On distingue à l'arrière du crane la présence d'une large natte verticale de 12 cm de largeur. De plus une pièce importante a été identifiée non loin de ce buste comme étant la nappe de la chevelure sculptée à part, technique attestée au IIIème siècle . La coiffure se rapproche de celle du portrait de l'inconnue Ma1034 du musée du Louvre et pourrait être celui de l'épouse de l'empereur Philippe l'Arabe, l'impératrice Marcia Otacilia Severa.
La pièce la plus émouvante découverte sur l’épave est le portrait miniature d'une très jeune fille, portrait remarquablement conservé en quatre pièces. L'agencement de la coiffure, en ce qui concerne le chignon, peut être comparé à celui d'Annia Galeria Aurelia Faustina (?) et à celui de l'effigie féminine des "époux romains en Mars et Vénus, Ma 1009.
La dernière pièce de marbre mise au jour est une figurine représentant Mars Ultor qui devait être un élément de décoration d'une pièce plus importante peut être la statue monumentale de Philippe l’Arabe.
La question se pose sur la présence de ce navire à Porticcio .Si un port de Tunisie peut être envisagé comme point de départ, compte tenu de la cargaison il est plus difficile de conclure sur l'arrivée. Allait-il rejoindre des ports comme Fos et Arles pour y débarquer sa marchandise? On peut l'envisager si on considère ces ports comme des passages obligés pour faire transiter les amphores Kapitan2 jusqu' en Angleterre et en Allemagne par les fleuves. Ou bien a-t-on affaire à ces marchands orientaux qui en pleine crise du 3ème siècle faisaient du cabotage dans toute la Méditerranée, vendant des marchandises diverses acquises dans des entrepôts. Ou alors, compte tenu de la présence de ce navire au plus profond du golfe alors que des abris existent bien avant, compte tenu des éléments relativement personnels, statues, bustes, du mobilier retrouvés en quantité insuffisante en nombre pour un commerçant, il se pourrait que l’on soit en présence d’une commande particulière pour un aménagement dans la région d’Ajaccio qui en ce 3ème siècle semble émerger dans la romanité.
Le navire
Localisé à faible profondeur, le site a néanmoins fourni des vestiges de coque et un mobilier archéologique exceptionnel dans sa richesse et sa diversité.Malgré le peu de profondeur, 6 à 10 m, on y a mis au jour d’une portion de paroi de coque et de quinze membrures disposées sous une couche importante de lest. Les fragments de bois sont accompagnés de nombreux clous en bronze, de restes de cordes et de plaques de plomb de 1 mm d’épaisseur représentant le doublage de coque.
Les amphores
L'analyse de la cargaison révèle un chargement de plus de vingt types d’amphores en provenance de toute la méditerranée voire au delà, du Portugal à la mer noire. Les tessons les plus nombreux sont ceux d'amphores à vin orientales de type "Kapitän 2 " fabriqués sans doute dans une région des îles de la mer Egée et de la côte de l’Asie mineure. Ensuite ce sont ceux des amphores africaines « I » (type Africano piccolo) et « II » (type Africano grande) . Fabriquées dans la province romaine d’Afrique (Tunisie actuelle), les premières transportaient de l’huile tandis que les secondes contenaient des saumures et du garum, une sauce de poisson fort appréciée par les Romains. D'autre part ont été identifiées des fragments d'autres amphores vinaires orientales de type "Kapitan1", Agora F65/66, Crétoise 2 et Zemer 57. D'autres types d’amphores sont aussi représentés comme les « Dressel 20 » originaire de Bétique (Espagne du sud), Agora M254 de Sicile ou de Tunisie, les « Forlimpopoli »/Agora K114 » d’Italie du Nord-Est, les « Almagro 50 et 51C » de Lusitanie (Portugal), les amphores d’ « Egypte Romaine », de "Maurétanie césarienne", les « Tripolitaine », etc. Cette importante hétérogénéité du chargement peut paraître étonnante, cependant si nous nous replaçons dans le contexte de l’époque cela n’a rien de surprenant. En effet, le commerce maritime était souvent un commerce de redistribution. Des ports importants, jouant le rôle d’entrepôts, recevaient des cargaisons provenant de tout le bassin méditerranéen. Les commerçants s’y ravitaillaient, chargeaient lourdement leurs navires de toutes sortes de produits et alimentaient ainsi les différentes provinces de l’Empire romain
Le verre
On note à côté de la céramique africaine, la présence importante d’une vaisselle de verre et d’un chargement d’une centaine de vitres.
Les statues de marbre
Toutefois, l’originalité de cette épave réside dans sa cargaison d’objets d’arts en marbre, statues monumentales et bustes. Dans un premier temps deux statues de marbre, monumentales, de près de deux mètres de hauteur furent mises au jour. La première, fragmentée avant le transport, représente l’empereur Philippe Ier dit Philippe l’Arabe qui régna de 244 à 249 ap. J.-C., La seconde est entière mais assez abîmée. Il est possible de distinguer une silhouette féminine qui pourrait être Marcia Otacilia Severa impératrice et épouse de Philippe Ier. Les hypothèses concernant l’identité de ces personnages furent renforcées par la découverte de pièces de monnaie en bronze, à l’effigie de Philippe l’Arabe, de celle de son fils Philippe II, ainsi que de l’impératrice Marcia Otacilia Severa. Ces pièces dont la période de frappe est évaluée par différents spécialistes entre 248 et 249 ap. J.-C. nous permettent aussi de définir le « terminus post quem » (date de la première frappe de la monnaie la plus récente, avant laquelle le naufrage n’a pu se produire). Il est ici de 248 ou 249 apr. J.-C. D'autres éléments de marbre furent découverts par la suite. Un buste d'homme pouvant être Philippe 1er avec son piédouche, deux bustes de femme avec piédouche, un buste assez dégradée avec un visage non identifiable mais qui avec un crâne de forme ronde et rasé, rappelle des représentations monétaires de Philippe II que l'on retrouve sur l’une des pièces découvertes. On peut noter sur un des bustes de femme que les cheveux semblent être séparés au sommet par une raie médiane et tombe en nappe jusqu'à la base du cou derrière les oreilles. On distingue à l'arrière du crane la présence d'une large natte verticale de 12 cm de largeur. De plus une pièce importante a été identifiée non loin de ce buste comme étant la nappe de la chevelure sculptée à part, technique attestée au IIIème siècle . La coiffure se rapproche de celle du portrait de l'inconnue Ma1034 du musée du Louvre et pourrait être celui de l'épouse de l'empereur Philippe l'Arabe, l'impératrice Marcia Otacilia Severa.
La pièce la plus émouvante découverte sur l’épave est le portrait miniature d'une très jeune fille, portrait remarquablement conservé en quatre pièces. L'agencement de la coiffure, en ce qui concerne le chignon, peut être comparé à celui d'Annia Galeria Aurelia Faustina (?) et à celui de l'effigie féminine des "époux romains en Mars et Vénus, Ma 1009.
La dernière pièce de marbre mise au jour est une figurine représentant Mars Ultor qui devait être un élément de décoration d'une pièce plus importante peut être la statue monumentale de Philippe l’Arabe.
La question se pose sur la présence de ce navire à Porticcio .Si un port de Tunisie peut être envisagé comme point de départ, compte tenu de la cargaison il est plus difficile de conclure sur l'arrivée. Allait-il rejoindre des ports comme Fos et Arles pour y débarquer sa marchandise? On peut l'envisager si on considère ces ports comme des passages obligés pour faire transiter les amphores Kapitan2 jusqu' en Angleterre et en Allemagne par les fleuves. Ou bien a-t-on affaire à ces marchands orientaux qui en pleine crise du 3ème siècle faisaient du cabotage dans toute la Méditerranée, vendant des marchandises diverses acquises dans des entrepôts. Ou alors, compte tenu de la présence de ce navire au plus profond du golfe alors que des abris existent bien avant, compte tenu des éléments relativement personnels, statues, bustes, du mobilier retrouvés en quantité insuffisante en nombre pour un commerçant, il se pourrait que l’on soit en présence d’une commande particulière pour un aménagement dans la région d’Ajaccio qui en ce 3ème siècle semble émerger dans la romanité.
LE SITE DE COTI-CHIAVARI
La fouille sur le site du mouillage de Coti-Chiavari s'est déroulée du 09 au 31 mai 2014. Elle a été effectuée après délivrance d’une autorisation de fouilles par le Ministère de la Culture par la commission Régionale Corse d'archéologie sous-marine FFESSM et l'ARASM sous la direction d'Hervé Alfonsi.
Suite aux prescriptions de la CIRA" …déterminer l'extension et d'évaluer la concentration ses silex dans ce site et ensuite d'évaluer l'intérêt scientifique de la concentration des fragments céramiques en prévalence des amphores africaines découvertes en 2013 " nous avons choisi le point origine au point de concentration des fragments. Nous avons installé une ligne de 10 m de longueur, diamètre maximal de la zone d'étude autorisée.
Nous avons effectué 6 sondages de 1,5 m2 maximum répartis en fonction de la présence de fragments mais aussi de manière à avoir une compréhension globale du secteur. Quatre secteurs sur six ont fourni du mobilier à l'état fragmentaire ainsi que des galets de silex en quantité importante.
La majorité des fragments d'amphores semblent indiquer une origine africaine, amphores de types Keay 25. D'après Michel Bonifay Il y a peu de fragments qui ne semblent pas africains. Les autres se partagent entre des produits de Salakta et de Nabeul et d'autres pâtes.
Cette association typologique (Keay 25.1, 2 et 3) se rapporte à un contexte de la deuxième moitié du IVe s. où les produits africains phares de cette période (Salakta, Nabeul) côtoient des marchandises en provenance de régions moins clairement définies (Algérie ?). Compte-tenu des derniers résultats archéométriques sur le contenu des amphores africaines du IVe s
ces conteneurs semblent témoigner du commerce et du transit par la Corse du vin africain.
Les galets de silex sont omniprésents sur la superficie étudiée. On note pour les pièces les plus volumineuses un galet quasi sphérique de diamètre 10 cm une masse de 0,675Kg, un autre de dimensions 14 x 8 x 5 cm avec une masse de 0,683 Kg et un dernier de 12 x 7 x 5 cm avec une masse de 0,470 Kg.
L'hypothèse la plus plausible pour expliquer la présence de silex en lien avec le littoral est celle de galets se trouvant parmi le lest de bateaux, aux époques historiques. Il faut rappeler également l’usage à l’époque moderne de silex comme pierres à fusil ou pierres à briquet. Cependant, ces dernières sont réputées arrivées déjà débitées depuis des ateliers spécialisés du continent. Les faciès ne correspondant pas aux référentiels dont nous disposons pour la Préhistoire (Sardaigne, Toscane), la recherche de provenance doit être orientée sur la base des microfaciès et des microfossiles présents dans les silex pour chercher à mieux identifier l’âge géologique. Pour cela des études complémentaires doivent être menées dans plusieurs directions :
recherches approfondies sur le contenu micro-paléontologique au moyen de grossissements plus importants et/ou de lames-minces,
inventaire des sources potentielles de galets de silex sur le littoral franco-italien à partir des données géologiques (cartes, littérature) et échantillonnage pour constituer un référentiel plus adapté à notre problématique, en collaboration avec les collègues français et italiens
Suite aux prescriptions de la CIRA" …déterminer l'extension et d'évaluer la concentration ses silex dans ce site et ensuite d'évaluer l'intérêt scientifique de la concentration des fragments céramiques en prévalence des amphores africaines découvertes en 2013 " nous avons choisi le point origine au point de concentration des fragments. Nous avons installé une ligne de 10 m de longueur, diamètre maximal de la zone d'étude autorisée.
Nous avons effectué 6 sondages de 1,5 m2 maximum répartis en fonction de la présence de fragments mais aussi de manière à avoir une compréhension globale du secteur. Quatre secteurs sur six ont fourni du mobilier à l'état fragmentaire ainsi que des galets de silex en quantité importante.
La majorité des fragments d'amphores semblent indiquer une origine africaine, amphores de types Keay 25. D'après Michel Bonifay Il y a peu de fragments qui ne semblent pas africains. Les autres se partagent entre des produits de Salakta et de Nabeul et d'autres pâtes.
Cette association typologique (Keay 25.1, 2 et 3) se rapporte à un contexte de la deuxième moitié du IVe s. où les produits africains phares de cette période (Salakta, Nabeul) côtoient des marchandises en provenance de régions moins clairement définies (Algérie ?). Compte-tenu des derniers résultats archéométriques sur le contenu des amphores africaines du IVe s
ces conteneurs semblent témoigner du commerce et du transit par la Corse du vin africain.
Les galets de silex sont omniprésents sur la superficie étudiée. On note pour les pièces les plus volumineuses un galet quasi sphérique de diamètre 10 cm une masse de 0,675Kg, un autre de dimensions 14 x 8 x 5 cm avec une masse de 0,683 Kg et un dernier de 12 x 7 x 5 cm avec une masse de 0,470 Kg.
L'hypothèse la plus plausible pour expliquer la présence de silex en lien avec le littoral est celle de galets se trouvant parmi le lest de bateaux, aux époques historiques. Il faut rappeler également l’usage à l’époque moderne de silex comme pierres à fusil ou pierres à briquet. Cependant, ces dernières sont réputées arrivées déjà débitées depuis des ateliers spécialisés du continent. Les faciès ne correspondant pas aux référentiels dont nous disposons pour la Préhistoire (Sardaigne, Toscane), la recherche de provenance doit être orientée sur la base des microfaciès et des microfossiles présents dans les silex pour chercher à mieux identifier l’âge géologique. Pour cela des études complémentaires doivent être menées dans plusieurs directions :
recherches approfondies sur le contenu micro-paléontologique au moyen de grossissements plus importants et/ou de lames-minces,
inventaire des sources potentielles de galets de silex sur le littoral franco-italien à partir des données géologiques (cartes, littérature) et échantillonnage pour constituer un référentiel plus adapté à notre problématique, en collaboration avec les collègues français et italiens
MOUILLAGE DEPOTOIR DE L'AMIRAUTE AJACCIO
Les naufrages ne constituent pas la seule source d’information. Le mouillage dépotoir de l’amirauté utilisé durant des siècles a livré des céramiques antiques dont l’un d’elle, une sigillée africaine claire D, forme Gourvest 26, 7ème siècle après J.-C. avec croix surmontées des dioscures , est peut être le premier symbole chrétien d’Ajaccio,